LIMOGEAGE DE LA MINISTRE DE LA JUSTICE : L’INSUBORDINATION, L’ANARCHIE ET LE BICÉPHALISME DANS L’ADMINISTRATION NE PASSERONT GUÈRE SOUS LA TRANSITION….
LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE EST SOUVERAIN DANS SES PRISES DE DÉCISIONS ET RENCONTRE QUI IL VEUT SANS OUTRE MESURE….
Que personne ne s’y trompe ! Il n’y a rien de personnel derrière l’acte de Son Excellence le Colonel Mamadi Doumbouya, consacrant l’éviction de la ministre de la Justice. Faut-il s’empresser de réitérer que le Messie national tient au respect de la hiérarchie et à la discipline administrative, autant qu’il tient à la prunelle de ses yeux. Il ne pouvait en être autrement sous la gouvernance d’un soldat aguerri et patriote.
Tout d’abord cela figure de façon très claire et détaillée dans la Charte de la Transition. Le respect de la hiérarchie est désormais une exigence et toute l’administration devra s’y plier. Et, comme cette Charte est désormais le fil conducteur de la Transition, en attendant de nouvelles dispositions légales qui seront prises par le futur CNT, nul n’est censé l’ignorer, de surcroît une Ministre de la Justice.
La sanction infligée à la ministre de la Justice est loin d’être une première sous la Transition pilotée par le Colonel-Président. Le cas des cadres sanctionnés au ministère des Affaires Étrangères, pour cause d’insubordination, avant même la nomination des membres du gouvernement, pendant que la gestion des affaires courantes était confiée aux Secrétaires Généraux, est une illustration éloquente de l’attachement indéfectible du Président de la Transition à la discipline administrative et sociale.
En rappel, quand bien même les Secrétaires Généraux n’étaient pas investis des mêmes pouvoirs que les ministres, le Colonel Mamadi Doumbouya tenait pourtant à ce que ces derniers jouissent du respect et de la considération dues à leur rang d’intérimaires au faîte des départements ministériels. Ainsi, consécutivement à des manquements de respect envers la Secrétaire Générale d’alors du ministère des Affaires Étrangères, certains cadres dudit ministère ont été sanctionnés par le Chef de l’État, sans que des interprétations tendancieuses ne s’en suivent. Pourquoi s’indigner lorsqu’une sanction similaire, très justifiée, est prise à l’encontre de la ministre de la Justice, alors lque les mêmes causes produisent les mêmes effets ? Un Guinéen est-il supérieur à un autre, en termes de droits et devoirs ?
Ce décret de limogeage n’est pas une action de cœur (émotion). Il s’inscrit dans le cadre d’une démarche légale et disciplinaire, suite à la commission d’une faute lourde dont les détails seront ultérieurement dévoilés. Que cela soit dit une fois pour toutes : nul n’est au dessus de la Loi. S’en prendre à un émissaire du Chef de l’État revient à s’en prendre au Chef de l’État en personne.
Le Ministre Secrétaire Général de la Présidence n’a fait que remonter une instruction de son supérieur hiérarchique, le Colonel-Président Mamadi Doumbouya en l’occurrence. La Ministre de la Justice avait mille et un canaux plus respectueux, mille et un mots plus déférents, pour répondre au courrier du Colonel Amara Camara, un acteur incontournable de la Transition. Elle a failli et, comme d’autres cadres véreux l’ont appris à leur dépens avant elle, la sanction est tombée, immédiatement, tel un couperet.
D’ailleurs, qu’on se le tienne pour dit : le Chef de l’État rencontre qui il veut, où et quand il le veut. Il s’intéresse à tous sujets qu’il juge importants pour faire bouger les lignes dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie et de travail de ses concitoyens. Pourquoi s’offusquer du fait que le Président de la République veuille rencontrer le personnel de la Justice ? La ministre ne pouvait-elle pas, en aparté, rencontrer le Président Mamadi Doumbouya (qui est très ouvert) pour lui faire part, respectueusement, de ses remarques? L’ancienne ministre de la Justice a-t-elle un agenda caché ? Rien n’est moins sûr.
Le courage, s’il y en a un, a un prix. L’insubordination aussi ! Le Colonel Doumbouya, qui poursuit lentement, mais sûrement ses efforts titanesques pour la refondation de la Nation Guinéenne, reste et demeure droit dans ses bottes. Nous y reviendrons.
Mandian SIDIBE
Journaliste, Directeur Général de l’Office Guinéen de Publicité