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« Ce qui me passionne dans ce métier, c’est  que je sens que, je  peux donner quelque chose aux guinéens et  guinéennes… », Mme Touré Hadja Kaba, couturière

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Dans le cadre de notre rubrique consacrée « Quel métier pour vous », nous rencontrons cette semaine Mme Toure née Hadja Kaba couturière de profession et assise dans la commune de Ratoma dans le quartier de Ratoma Bonfi.

 Focusguinee.Info : Mme Voudriez bien vous présenter à nos fidèles lecteurs internautes ?

Bonjour et merci pour l’opportunité que vous m’offrer pour m’exprimer sur votre site web.

Je suis Mme Touré née Hadja Kaba, couturière de profession et assise à Ratoma Bonfi. Comme vous voyez dans mon atelier en même temps, je vends tout ce qui concerne l’habillement essentiel et d’autres accessoires. Je suis très contente de vous recevoir  aujourd’hui chez moi pour que je puisse parler un peu  de ce qu’on fait.

Alors Mme Touré qu’est-ce qui  vous passionne dans ce métier ?

Ce qui me passionne dans ce métier, c’est  que je sens que, je  peux donner quelque chose aux guinéens et  guinéennes. Parce que, je constate souvent  que nos sœurs guinéennes quittent ici pour aller faire des coutures  soit à Abidjan ou à Dakar. Nous, on veut faire de sorte que   le guinéen  consomme ce qu’on fait  ici. Mais pratiquement ce n’est pas facile ; parce qu’on ne sait pas ce qui se passe dans la tête du guinéen, ils veulent toujours ce qui est importé. Par contre, ici, quand ils apportent souvent  leurs coutures, on est obligé de les  refaire. Ils achètent chères, et c’est très mal fait. On est sincèrement désolé !

En effet, la couture il faut que ça soit bien fini, et quand tu portes quelque chose et que tu sors de chez toi, il faut que  tu sois bien apprécié par les gens. C’est ton couturier ou ta couturière qui peut te faire ce que tu veux. Il peut prendre ta mesure et connaitre comment tu es  pour t’habiller. Par contre, si tu envoies quelque chose qui est déjà mal fait, ton couturier ou ta couturière est obligée de tout refaire. Et moi, je fais tellement de ça, je suis obligée de fois de les renvoyer.Malheuresement, je ne peux pas tout renvoyer ; parce que ce sont mes sœurs, mes cousines, tes tantes et amies, et tu les expliques mais  certaines  comprennent et d’autres par contre d’autres  ne comprennent pas ! Je peux dire que c’est un complexe de leur part.

Depuis quand vous êtes dans ce métier ?

Je suis dans ce métier depuis 1986. Parce que  j’étais à l’école, et après les cours  je partais faire l’apprentissage à Dixinn chez maitre  Ismaël Cisse. En même temps, quand j’ai échoué au bac, je  me suis orientée à l’école informatique EMSIC à Dixinn. Apres quand j’ai fini ma formation, j’ai vu qu’au lieu d’aller faire des stages dans les bureaux. j’ai  vu que cela m’arrangeais et que je ne connaissais mon métier. C’est pourquoi, j’ai créé mon atelier de couture à la minière. Depuis lors, je fais un peu de couture et de commerce et vente des matériels  électriques. Ainsi, après vingt ans, d’absence dans ce métier, j’ai préféré me consacrer définitivement à ma passion qui est la couture.

Quels sont vos différents motifs ?

Je fais couture dame, broderie, taille basse, les marieurs taille mame comme dit les sénégalais qu’on appelle souvent dans notre langue locale soussou Temouré. C’est ce que je fais comme des motifs dans mon atelier.

Comme dans toute entreprise il y a toujours  des difficultés. Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes souvent confrontées dans l’exercice  de votre métier ?

Les difficultés qu’on est confrontés, c’est trop ! Parce  qu’on n’a pas des matériaux, de  fois, on est obligé de commander soit à  Abidjan, Dakar voire Bamako. Souvent, si ça vient,  au marché c’est  excessivement cher, et la clientèle guinéenne ne paye pas. Seulement, c’est ma passion, j’aime la couture-sinon c’est très difficile d’exercer ce métier en guinée. Je couds et je vends ici et à l’extérieur par commande.

Vous avez combien d’employés ici….

J’ai trois employés qui travaillent avec moi. Mais j’avoue que ce n’est pas facile. Quand tu formes quelqu’un, souvent tu es victime qu’on te l’arrache. Souvent tu envoies quelqu’un et vous restez pendant six mois voire un an, de fois  tes propres clientes qui veulent monter leurs propres ateliers te l’arrachent. On est  souvent victime  de cela. Voilà le problème ! Dans le monde de la couture, on est souvent victime de ces genres. Surtout en période de fêtes, la plupart des ateliers de couture à Conakry sont victimes. De fois ils te fuient. Et moi, ce qui est mon avantage, c’est que je maitrise ce que je fais. Je coupe e tje couds. Voilà un peu l’avantage chez moi. Seulement ce qui me fatigue c’est la broderie. Sinon le reste, j’évolue à merveille.

Parlez-nous de vos perspectives à court et à long terme ?

A long terme, je veux être  vraiment une styliste et modéliste. Mon objectif, c’est agrandir mon atelier et apprendre les jeunes filles  la couture. Je ne veux pas qu’on me paye, mais je veux léguer quelque pour l’avenir de la jeune fille guinéenne.

Nous sommes à la fin de notre entretien. Vous avez quelque chose à ajouter ce que vous avez oublié et que vous voulez  nous confier maintenant, avant lancer un appel aux autorités et tes clients ….

Ce que je peux vous confier, c’est inviter les jeunes filles à apprendre un métier. De faire comme nous, de sortir chercher du travail. Actuellement, les filles refusent de travailler. Elles aiment l’argent plus  que le travail. Si tu as une apprentie avec toi, si elle ne voit pas l’argent au bout trois ou six mois elle te quitte. C’est malheureux ! Donc, j’invite les femmes guinéennes de se battre pour  avoir un métier. Car, si tu n’as pas un métier personne ne pourra te soutenir ni ton mari, ni ta famille. C’est pourquoi, je vous demande les médias  de faire beaucoup de campagne sensibilisation et de publicité, afin d’inviter les jeunes filles à apprendre un métier.

Je vous remercie.

Merci également.

Propos recueillis par Amara Sylla pour Focusguinée.Info