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« C’est après le coup d’État avec l’arrivée des novices aux affaires que le marché est devenu cher », selon certaines femmes de Conakry

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<<C’est après le coup d’État avec l’arrivée des novices aux affaires que le marché est devenu cher.>>

« Le marché est cher ! » Telle est formule qu’utilisent les femmes pour exprimer la cherté des prix des denrées de première nécessité sur le marché. Malgré l’appréciation du franc guinéen depuis le coup d’Etat du 05 septembre, la flambée des prix touche quasiment tous les produits, importés ou non. Alors qu’approche le mois de ramadan, période de grande consommation, certains citoyens ne savent plus où mettre la tête à cause de la conjoncture économique assez difficile.

Actuellement sur le marché, le bidon d’huile d’arachide de 20 litres qui était vendu à 335 000 francs guinéens se négocie aujourd’hui entre 380 et 390 francs guinéens. Le sac de sucre est aujourd’hui vendu à 375 milles francs guinéens. Le riz CIAO très prisé par les citoyens, n’a pas échappé à cette hausse. Et cela s’explique par la baisse du stock de cette qualité de riz sur le marché, explique un commerçant.

« Actuellement il y a une rupture du riz CIAO qui est très consommé. A cause de la spéculation, certains vendeurs profitent de cela pour augmenter le prix. Avant c’était entre 300 et 310 milles francs guinéens. Mais à l’heure-là, le prix tourne autour de 340 milles francs guinéens », a indiqué Moussa Kaba, vendeur au marché d’Enco 5.

Bien que l’inflation soit quasi-généralisée, certains produits n’ont pas enregistré de changement. Le sac d’oignon reste à son coût initial. C’est ce qu’a confié Alpha Diallo alias Gambien, un autre vendeur. « La hausse des prix se constate généralement sur le riz et l’huile. Le sac d’oignon se vend toujours à 150 milles francs guinéens. Cela peut s’expliquer par le fait qu’il y a plusieurs importateurs », a-t-il dit.

Trouvée devant une boutique en train de négocier divers produits, Pauline Traoré commence par nous dire que le marché est dur. D’un air hilarant, elle enchaine « c’est dur ! c’est dur ! ». Cette ménagère qui s’est familiarisée à son fournisseur soutient que le marché n’est pas doux. Selon elle, « le riz Bengladesh qui se vendait à 290 milles francs guinéens est aujourd’hui à 330 milles francs guinéens. Le bidon d’huile d’arachide s’élève à 380 milles francs guinéens contrairement aux mois précédents (345 milles francs guinéens) ».

A en croire notre interlocutrice, la hausse des prix est intervenue dès après le 05 septembre 2021, fin de règne d’Alpha Condé. « C’est après le coup d’Etat que le marché est devenu cher », a glissé Pauline Traoré qui dit se contenter de la dépense que lui donne son époux.

« Ce qu’on me donne, c’est ce que j’achète. Monsieur va se plaindre pourquoi ? Je n’achète ce qu’il me donne. Dans ma famille, tout le monde se contente de ce qu’on a gagné. Pas question de dire de dire que maman, il y a ce qui manque dans la sauce. Les enfants comprennent la situation », a dit Pauline Traoré.

En ce mois de mars dédié aux femmes, cette ménagère invite les nouvelles autorités à penser à cette couche qui est la première à ressentir la cherté de la vie. « Je demande au Colonel Mamadi Doumbouya et à l’ensemble de ses ministres de nous venir en aide. Oui, nous pleurons au marché. Nous comprenons que la Guinée n’est pas seule à vivre cette crise. Ils doivent nous aider en revoyant à la baisse le prix des denrées de premières nécessité », a-t-elle lancé.

De l’avis d’un spécialiste, la flambée des prix constatée en ce moment est la conséquence de plusieurs effets combinés dont entre autres : la déstructuration de la chaine d’approvisionnement international due au Covid-19 et les effets anticipés de la hausse du prix du carburant.

En ce qui concerne le cas guinéen, Dr Hamidou Barry soutient que c’est la nature de l’économie qui fait que l’inflation s’installe. « On a une économie où on ne maitrise pas forcément la chaine des valeurs, tout ce qui est chaine de formation des prix. La structure des prix n’est pas maitrisée par les autorités du pays. Nous avons une économie informelle où les gens ne respectent pas les règles commerciales et qui décident pour des questions d’anticipation, faire de spéculation dans la chaine. Et comme l’Etat ne maitrise pas forcément cette chaine, c’est ce qui fait que si le prix augmente, il est très difficile de le ramener vers le bas parce qu’il y a des acteurs qui décident du prix sur le marché et l’Etat n’a aucun contrôle sur ces acteurs-là », a expliqué Dr Hamidou Barry.

Depuis l’arrivée des nouvelles autorités, on assiste à l’appréciation de la monnaie guinéenne par rapport aux devises étrangères. Mais cela ne se reflète pas sur le panier de la ménagère. Pour Dr Hamidou Barry, cela est dû à la subvention par l’Etat de plusieurs produits « c’est ce qui fait que les prix à l’international ne se répercutent pas sur les prix à l’interne ».

Pour y remédier conseille notre interlocuteur, l’Etat doit fournir les efforts conjoncturels qui consistent à travailler sur la chaine des recettes. A cela s’ajoutent les efforts structurels basés sur une forte production destinée à l’exportation et de la consommation des produits locaux.

Le 10 mars dernier, Mamadi Doumbouya flétrit l’attitude de certains opérateurs économiques qui, selon lui, créent artificiellement des situations de pénurie, pour augmenter les prix sur le marché. Il a annoncé une batterie de mesures pour changer la donne. Premièrement, mettre en place une chambre de commerce et un patronat unifié dont objectif est d’offrir un cadre de concertation et de négociation des prix des denrées de première nécessité pour une meilleure régulation du marché guinéen.

Une concertation tripartite entre l’État, les importateurs et les exportateurs est envisagé dans les meilleurs délais. Deuxièmement, il envisage réduire les coûts au niveau du port autonome de Conakry. En plus de ces mesures, il envisage de réactiver auprès de la Direction Nationale de la concurrence une commission dédiée afin de lutter contre le monopole. Mamadi Doumbouya promet de porter personnellement cette bataille pour obtenir des résultats dans un bref délais.

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