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Guinée: « Alpha Condé est parti, mais les sirènes du divisionnisme retentissent plus que jamais et plus fort ! », Aissatou Cherif Baldé

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Guinée:Alpha Condé est parti, mais les sirènes du divisionnisme retentissent plus que jamais et plus fort.

Car la politique guinéenne devient de plus en plus synonyme de haine et de divisionnisme.

Vu le manque de pédagogie, de responsabilité et l’écart de langage de la classe sociale, classe politique guinéenne, la Guinée connaîtra difficilement la stabilité. C’est plutôt la haine qui y trouvera toujours refuge.

Et cette haine risque de devenir plus puissante que la politique elle-même.

Pourtant, on aurait pu penser que la crise d’ordre politique, socio-économique que traverse le pays depuis des années aurait pu amener les acteurs politiques, les différentes classes sociales à mesurer l’ampleur des dégâts de ce genre de politique ethniciste.

Mais on est encore très loin de cette prise de conscience. Car la plupart des acteurs politiques guinéens préférent prôner la division, la haine entre les guinéens.

Or à bien analyser, l’instrumentalisation de l’ethnicité au service d’intérêts politiques a souvent lieu dans les contextes où des acteurs puissants estiment que la mobilisation en fonction des ethnies et des classes sociales est plus pertinente et plus efficace.

Cette méthode est souvent liée à un manque d’intérêt de la part de la classe au pouvoir pour un changement systémique ainsi qu’à la préférence accordée par les élites – à différents niveaux de la société – au maintien de systèmes de production et de consommation définis par des considérations ethniques.

Ainsi, l’ethnicité devrait être interprétée comme une identité politique fondée sur les structures sociales et reproduite par les institutions étatiques.

Cette situation comme jadis les maîtres coloniaux les arrange, puisqu’ils peuvent à travers l’ethnocentrisme politique bénéficier du soutien indéfectible de leur base électorale.

Ils peuvent donc également s’éterniser au pouvoir et quitte à faire de la pauvreté une situation naturelle.

Pour atteindre ces objectifs, ils trouvent à toute solution, un problème.

Ce qui fait qu’ils sont après 63 ans d’indépendance incapables de trouver des solutions appropriées aux problèmes des guinéens.

Le manque de culture politique, de discernement du peuple, ou encore son attachement à l’ethnicité font que les mauvais politiques chassent les bons.

L’autre problème dans ce pays provient du fait que le Guinéen a arrêté de penser responsable et citoyen, car préférant se tourner vers des politiciens opportunistes, faux, claniques, ethnicistes, oligarchiques, kleptocrates et despotiques qui ne connaissent pas leur vie, et ne s’en soucient pas non plus.

Certes Mamady Doumbouya fait désormais partie des problèmes de la Guinée, mais beaucoup autour de lui et dans le milieu politique guinéen font aussi partie des problèmes guinéens.

Car la Guinée souffre énormément de manque d’hommes politiques crédibles, intègres et conscients, capables de rassembler le peuple de Guinée au-delà de leur base électorale.

Dans une telle situation, il est quasiment impossible de construire une nation unie, prospère, permettant d’édifier un État respectueux des droits de l’homme et des principes fondamentaux d’un système démocratique, capable d’apprendre au peuple à puiser sa force dans les différences.

La stabilité tant souhaitée ne va jamais provenir de ce genre de politiciens tribalistes, divisionnistes et clientélistes.

Ce pays a pourtant plein de ressources importantes pour séparer l’ethnicité de la gouvernance, l’une des clés de voûte pour changer les mentalités.

Ces ressources considérables fournissent des moyens pour séparer l’ethnicité de la gouvernance car les élites militaires, politiques sont créées et nourries par des relations profitables et non seulement à travers l’identité sociale.

Dans cette optique, il existe la possibilité d’explorer les liens entre la production et l’ethnicité ainsi que les institutions qui pérennisent ces identités ou qui s’y opposent.

Il est nécessaire de se concentrer sur la ténacité, la résistance et l’innovation au niveau des institutions locales aussi et voire même renforcer la décentralisation.

Séparer la politique et l’ethnicité pourrait permettre d’assurer la stabilité.

Car le fondement de la relation entre la politique et l’ethnicité réside dans la façon dont la classe au pouvoir s’est servie du système d’octroi des ressources et des droits pour créer cette dynamique.

Alors ce changement doit forcément venir de la classe au pouvoir.

On ne saurait minimiser la pertinence de l’ethnicité dans l’instabilité politique actuelle sans parler des systèmes matériels qui ont permis l’enracinement d’un extrémisme ethnique latent.

Le projet d’État est en crise en Guinée, il faut en être conscient et éviter de faire de l’ethnisme politique le symbole du régime au pouvoir.

À défaut, cette dynamique continuera sa trajectoire de domination et de destruction avec des exclus défavorisés empêchant de bâtir un pays fondé sur le respect mutuel, les droits et les règlements.

#Aissatou Chérif Baldé.