Reporters sans frontières (RSF) dénonce les très lourdes sanctions pénales dont ont été menacés tous les responsables de radios privées qui ne seraient pas à jour du paiement de leur licence annuelle. L’immense majorité de ces radios très fragiles économiquement ont cessé d’émettre par crainte de représailles.
“Cette décision est particulièrement scandaleuse compte tenu de l’environnement économique très difficile dans lequel les médias évoluent, et surtout de l’échec des autorités à mettre en place des stratégies de soutien durable pour les médias, déclare le directeur du bureau Afrique de l’Ouest de RSF, Sadibou Marong. Dans le contexte politique actuel particulièrement trouble du pays, difficile de ne pas y voir des menaces visant à maintenir les médias aux ordres. Nous demandons aux autorités de revenir sur leur décision et de privilégier le dialogue si elles ne veulent pas que cette mesure soit uniquement perçue comme leur volonté de réduire au silence les voix critiques.”
Des responsables de radios privées ciblées dénoncent une situation très grave pour la liberté d’expression dans le pays. Cette décision est une “menace sérieuse” et une “parfaite illustration de la persécution acharnée du gouvernement” à l’encontre de la liberté de la presse et de Capital FM, selon Umaro Sané, un journaliste de ce média proche de l’opposition déjà fermé en raison des attaques dont il a fait l’objet en février dernier. Le domicile de son confrère et collègue Rui Landim, animateur de l’émission d’actualité « Pontos Nos I’s » (Points sur les I) diffusée sur Capital FM, avait été visé par des tirs de kalachnikovs le 8 février. La veille, cette radio avait également été attaquée par des hommes armés encagoulés ayant fait plusieurs blessés.
Ces attaques et menaces répétés contre les journalistes et les médias interviennent dans un contexte sécuritaire et politique particulièrement trouble depuis les événements du 1er février, présentés par le président en exercice Umaro Cissoco Embalo comme une tentative déjouée de coup d’Etat.
Guinée Bissau figure à la 95e place du Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2021 par RSF.