C’est une pression internationale supplémentaire sur la junte militaire en Guinée. Ce lundi 30 mai 2022, le Bureau des Nations-Unies aux Droits de l’Homme a appelé le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) à révoquer l’interdiction des manifestations de rue.
Ce n’est pas tout. Il dénonce aussi la démolition de propriétés privées, notamment à Conakry, Siguiri et Nzerekore, dans le cadre d’un processus censé viser à récupérer des terres publiques – à un moment où les appels étaient toujours pendants devant les tribunaux.
« Nous appelons les autorités de transition guinéennes à révoquer l’interdiction qu’elles ont imposée aux manifestations publiques », a déclaré ce 30 mai le porte-parole du Bureau des droits de l’homme de l’ONU, Seif Magango.
Selon l’ONU, ces mesures violent les normes internationales relatives aux droits de l’homme et constituent un recul sur la voie du renforcement de la démocratie et de l’État de droit.
Le 13 mai dernier, le Comité national de rassemblement pour le développement au pouvoir a publié une déclaration dans laquelle il interdit « les manifestations et/ou les rassemblements dans les lieux publics » et a ordonné « aux partis politiques et aux acteurs sociaux de tenir toutes les formes de manifestations politiques uniquement au sein de leur siège ».
Plusieurs coalitions politiques et acteurs de la société civile du pays ont déjà exprimé leur inquiétude face à ces mesures restrictives, rappelle l’ONU.
« Nous notons que cette décision intervient à un moment où les acteurs politiques et la société civile du pays expriment leur mécontentement après que les autorités militaires ont annoncé que la période de transition en cours durerait 36 mois », précise M. Seif Magango.
Les mesures annoncées pour restreindre les rassemblements publics et les manifestations ne respectent pas les exigences de nécessité et de proportionnalité, selon les Nations Unies.
« Nous encourageons les autorités de transition à assurer une protection réelle et significative de l’espace démocratique, notamment en faisant respecter les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. Ces droits sont essentiels au maintien d’une société inclusive, pacifique et résiliente », appelle le Bureau des Nations-Unies au Droit de l’Homme.
Destruction de biens privés
L’ONU exprime également sa préoccupation par à une mesure controversée de la junte, à savoir la démolition de domicile privé pendant que les procédures judiciaires étaient en cours.
« Nous sommes également préoccupés par une autre mesure prise par les autorités de transition. Récemment, ils ont ordonné la démolition de propriétés privées, notamment à Conakry, Siguiri et Nzerekore, dans le cadre d’un processus censé viser à récupérer des terres publiques – à un moment où les appels étaient toujours pendants devant les tribunaux ».
L’ONU annonce toutefois qu’elle continuera à soutenir les autorités nationales guinéennes dans leurs efforts pour assurer une transition réussie dans le respect des droits de l’homme et progresser vers le retour à l’ordre constitutionnel.