En observant la situation sociopolitique en ces temps qui courent, on se rend à l’évidence que les événements se succèdent mais en réalité, les choses n’évoluent pas comme auraient souhaité certains parmi nos compatriotes.
Le 5 septembre 2021, contre toute attente, les militaires ont renversé Alpha Condé qui avait fini par imposer une dictature sans précédent en Guinée. Les hommes en uniforme, vus comme des « patriotes libérateurs du peuple opprimé », sont acclamés un peu partout.
Seulement voilà, dix mois après ce putsch spectaculaire, les acteurs de la vie sociopolitique n’arrivent toujours pas à aplanir leurs divergences autour de la table des négociations.
Sinon, il est bien vrai que l’arrivée des kakis au pouvoir, a suscité de l’enthousiasme et de l’espoir chez les Guinéens qui avaient perdu tout espoir de vie meilleure et de perspectives d’avenir. Des prisonniers injustement arrêtés à cause de leur opinion sont libérés, les frontières avec les pays limitrophes fermées sans motifs valables ont rouvert. Les anciens dignitaires sont inquiétés, certains parmi eux croupissent désormais en prison et d’autres sont traduits devant des tribunaux spéciaux. Mais certaines actions, notamment, le laxisme dans la nomination à certains postes de responsabilité, la destruction de maisons de citoyens dans le cadre de la campagne de récupération des domaines de l’Etat, la cherté du coût de la vie affectant sérieusement le panier de la ménagère, le manque de volonté réelle à dialoguer avec l’opposition, sont entre autres, la cause du mécontentement actuel de certains guinéens vis-à-vis des autorités de la transition.
C’est dans ce contexte que des manifs sont prévues dans les jours à venir si toutefois, une solution n’est pas trouvée. Il faut rappeler qu’au crépuscule du régime Conté et pendant toute la décennie du règne sans partage de Condé, les Guinéens épris de paix et de justice ont manifesté à Conakry et à l’intérieur du pays contre la mal gouvernance. Et la plupart de ces manifs ont été réprimées dans le sang sans aucune forme de procès. Certains éléments des forces de défense et de sécurité sont pointés du doigt. Les parents de ces victimes prennent toujours leur mal en patience même si pour la première fois, la justice guinéenne affiche une volonté d’ouvrir le fameux procès du 28 septembre 2009 dans un délai à court terme.
En réalité, dans un pays comme la Guinée où les manifestations se soldent à de la violence, vaut mieux ne pas exposer les manifestants, notamment les jeunes à des dangers. Par exemple, le FNDC et les partis politiques ont beaucoup manifesté mais, c’est seulement un putsch qui a renversé le dictateur Alpha Condé. D’où la nécessité de dialoguer pour trouver la solution aux problèmes qui opposent les acteurs. C’est également dans ce contexte que la CEDEAO peine à trouver un terrain d’entente avec le CNRD concernant un calendrier raisonnable pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Pourtant gage de tout essor économique et social.
Le fait de contraindre les principaux responsables de l’opposition en exil, est perçu dans certains milieux comme une manière d’écarter ces leaders de la scène politique nationale pour se maintenir aussi longtemps au pouvoir. Une situation qui n’est pas de nature à améliorer le climat de paix et de stabilité dans un pays qui en a tant besoin. Pour avoir normalement tiré les leçons des régimes militaires sous Conté, Camara, konaté, celui de Doumbouya doit réussir pour le bien être des Guinéens qui ont beaucoup souffert, qui continuent à souffrir de la mal gouvernance.
Une fois encore, si l’opposant historique qui dit s’être battu pendant quatre décennies pour la démocratie, avait bien respecté la constitution et les lois de la république, les Guinéens ne seraient pas aujourd’hui dans une transition incertaine. Donc, lui et son clan mafieux sont les seuls responsables de cette situation. En tout cas, des sanctions contre la Guinée, comme annoncées par les instances sous régionales, auraient aggravé la situation des populations, qui tirent déjà le diable par la queue, notamment en cette période de grandes pluies.
Bah Mamadou (journaliste indépendant)