Banalisation de la vie dans la gestion des manifestations/cas de l’axe: indignez-vous ! (Par Alseny Sall)
Lors d’un séminaire sur la justice transitionnelle organisée en Guinée, en 2011,Me Sidiki KABA,éminent avocat sénégalais déclarait : «L’un des progrès le plus gigantesque de l’humanité ce n’est pas que nous puissions nous trouver avec la maîtrise de l’électricité, de l’avion ou encore de la télécommunication, mais c’est d’avoir pu inventer dans nos organisations sociales, la place de la justice en essayant de l’enlever dans son caractère privé pour donner cette responsabilité à l’État. Et cela est très important dans notre système d’organisation sociale parce qu’elle a permis la pacification de nos sociétés ». Plus loin, il ajoute «L’État de droit doit fonctionner sur des principes d’équité, d’objectivité et d’impartialité». C’est à dire qu’un État de droit est un État dans lequel tous les citoyens sont égaux devant la Loi. Ils doivent bénéficier d’un même traitement, ce, quels que soient leur statut, rang social ou obédience politique. Ce principe constitue un rempart contre l’arbitraire dans un système politique organisé. Il permet de préserver le faible contre le fort, le riche contre le pauvre et garantit l’équilibre social et la stabilité politique.
A ce titre, la banalisation de la vie dans la gestion des manifestations tout au long de l’autoroute le prince par nos agents en charge de garantir la sécurité devrait indigner tout un chacun de nous en raison du fait que nous sommes tous et toutes des citoyens de cette république condamnée à vivre ensemble en dépit de notre diversité. Car, avant tout, ces victimes étaient des compatriotes à nous qui avaient droit à la vie et aspiraient au bonheur au même titre que nous. Elles pouvaient appartenir à nos familles, être amis ou encore de simples connaissances à nous. Depuis 2010, combien d’enquêtes sur des tueries commises dans cette zone lors des manifestations ont abouties ? Les habitants de cette zone sont-ils devenus des citoyens de seconde zone ou des moins que rien ? On a l’impression que les responsables en charge de sécurité deviennent une source d’insécurité dans cette zone tellement ils ont la gâchette facile !
Ce que je trouve paradoxale dans tout ça, c’est le fait que lorsque tu dénonces ces pratiques qui sont contradictoires avec les engagements de nos dirigeants, certains sont prompts à vous taxer de partisan de tel ou tel autre ! Combien de militants pro-démocratie sont aujourd’hui persécutés et privés de liberté à cause de leur opinion ? Combien d’acteurs de médias sont actuellement intimidés, mis sous pression ou harcelés à cause de leur liberté de ton ! Alors à ceux qui ont décidé de se taire pendant que la république a besoin de tous ses fils et filles, je vous réponds que nous autres continueront au nom du droit de participation à la gestion des affaires de l’État et à la liberté d’opinion d’exprimer nos points de vue sur la vie de la Nation et la gestion des affaires de l’État tant que cela est nécessaire. Oui, une autre page de notre histoire est en train d’être écrite ! Mais, le temps reste le meilleur juge.
Alseny SALL
Juriste, activiste de la société civile