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Comment les arbres communiquent-ils entre eux et à quoi ces échanges servent-ils ?

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Dans une forêt, les arbres sont naturellement connectés entre eux, ce qui leur permet de « communiquer ». Comment procèdent-ils et à quoi sert ces échanges entre eux ? C’est notre question de lecteur de la semaine.

Forêt française
Les arbres sont naturellement connectés entre eux par le tentaculaire réseau des champignons dont les filaments captent les nutriments du sol pour les échanger avec les sucres fabriqués par les végétaux à partir de la photosynthèse.

AFP/ARCHIVES – FRANCK FIFE
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« Comment les arbres communiquent-ils ? », nous demande Huguette Thibeault sur notre page Facebook. C’est notre question de lecteur de la semaine. Pour y répondre, (re)découvrez ci-dessous notre article « Un arbre maintenu en vie par les autres : la découverte qui change notre regard sur la forêt » publié initialement en juillet 2019.

Grâce à un réseau champignons et de racines, les arbres s’échangent des nutriments
Au cours de ses ballades dans les forêts de conifères de l’île nord de Nouvelle-Zélande, Sébastian Leuzinger, un professeur de l’Université de Technologie d’Auckland, s’est brutalement posé une question épineuse : pourquoi diable la souche qu’il avait devant les yeux n’était-elle pas morte ? Normalement, sans feuilles ni branches, un bout de tronc doit se dessécher et être décomposé par les insectes. Ce n’était pas le cas de ce tronçon de Kauri (Agathis australis) encore vert malgré une coupe ancienne (voir l’image ci-dessous). La réponse à la question a fait l’objet d’un article paru en juillet 2019 dans iScience. Elle invite à changer le regard sur ce que sont les forêts : non pas une succession d’individus, mais un seul et immense organisme.

Souche de kauri

La souche de Kauri étudiée par l’Université d’Auckland. Crédits : Sébastian Leuzinger/iScience

Les arbres sont naturellement connectés entre eux par le tentaculaire réseau des champignons dont les filaments (appelés hyphes qui pèsent en moyenne 1,7 tonne par hectare de forêt) captent les nutriments du sol pour les échanger avec les sucres fabriqués par les végétaux à partir de la photosynthèse. Cette symbiose se double de greffages entre racines des arbres. Ces greffes s’opèrent au sein des racines d’un même individu pour assurer sa stabilité, au sein d’arbres de la même espèce et entre espèces différentes. Ils s’échangent ainsi de l’eau, des sucres et de la matière organique. 150 espèces d’arbres angiospermes (à fleurs) et gymnospermes (les résineux) ont démontré cette capacité.

Des échanges qui permettent à un arbre d’être maintenu en vie par les autres
Mais ce greffage naturel a été beaucoup moins étudié que la symbiose mycorhizienne entre arbres et champignons. La souche bien vivante de Kauri constituait donc une bonne occasion de mieux comprendre le fonctionnement des échanges. Quel peut bien en effet être l’intérêt des arbres voisins à maintenir en vie les restes d’un individu qui ne peut plus se nourrir tout seul ?

Pour le savoir, les chercheurs ont mesuré les flux de sève au sein de la souche et de ses plus proches voisins. Et ils ont découvert une relation fortement négative. Le jour, dans des conditions de fort ensoleillement, l’évapotranspiration via les feuilles implique pour les arbres un pompage d’eau par les racines plus important. La souche propose donc à ses voisins son réseau racinaire pour les aider à répondre à leurs besoins puisqu’elle n’a pas de pertes par son feuillage. La nuit ou quand il pleut, les arbres en retour fournissent à la souche des nutriments pour la maintenir en vie.

Les échanges entre souche et arbre. Sous le soleil, la souche fournit de l’eau à ses voisins. La nuit ou sous la pluie, les échanges s’inversent. Crédits : Sébastian Leuzinger/iScience

Cette « solidarité » bien comprise entre une souche et ses voisins incite à vérifier ce qui se passe entre les arbres. L’hypothèse, c’est que ces échanges se font à l’échelle des forêts. Les individus bénéficiant par exemple d’un emplacement humide partageraient ainsi leur excédent d’eau avec ceux poussant sur des terrains plus secs. L’équipe de Sébastian Leuzinger envisageait en 2019 de poursuivre ses recherches sur d’autres souches et explorer plus avant les relations des arbres entre eux à travers leurs greffes racinaires. Mais les chercheurs en sont persuadés : notre regard sur ces écosystèmes doit changer.

Des alertes envoyées entre arbres lors d’attaques d’insectes

Dans le livre À La Recherche de l’arbre-mère paru aux Editions Dunod en 2022, la biologiste canadienne Suzanne Simard dévoile les riches interactions qui se déroulent au sein des forêts. Face à la pratique de la coupe rase et des monocultures, elle se pose la question des bénéfices apportés par la coopération entre feuillus et conifères. La révélation du rôle crucial exercé par la symbiose entre champignons et système racinaire – la mycorhize – la conduit à une série de découvertes extraordinaires. Les bouleaux et les sapins de Douglas échangent grâce à ce réseau les éléments nutritifs selon des besoins saisonniers. Il en est de même pour les aulnes et les pins tordus, tandis que le douglas et pin ponderosa s’envoient des alertes lors d’attaques d’insectes, sous forme d’émission de molécules apparentées à nos neurotransmetteurs. Les arbres reconnaissent leur parentèle, et les plus anciens et majestueux protègent la croissance des jeunes : ce sont les « arbres-mères », plaques tournantes d’un univers d’interrelations.

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