Rwanda: Kagame, un héros africain devenu seigneur de guerre en visite d’Etat en Guinée.
Le président du Rwanda Paul Kagamé au pouvoir dans son pays depuis l’année 2000 quelques années après la fin du génocide de 1994 est en visite d’Etat en Guinée depuis le 17 avril 2023.
Cette visite semble être tellement importante pour le nouvel homme fort de Conakry Mamady Doumbouya qu’il a décidé que l’ouvrage de franchissement situé à Kagbélen, quartier périphérique de Conakry, inauguré ce mardi 2023 va porter le nom Paul Kagamé.
On se demande bien évidemment, pourquoi a-t-on baptisé ce pont en Paul Kagame, du moment où il n’a été associé ni de loin ou de près au financement de ce projet.
Une baptisation qui fait d’ailleurs l’objet de discussions en Guinée.
D’aucuns ont même proposé qu’à défaut de donner le nom de cet ouvrage à l’initiateur qui est le président déchu Alpha Condé, afin de décrisper la situation actuelle dans le pays, il fallait le donner aux différents héros dont regorge la Guinée.
Comparaison n’est pas raison
Il faut surtout noter que ces travaux de réalisation de ce pont ont été entamés en janvier 2021 par le régime déchu d’Alpha Condé.
Contrairement à ce qui se dit par certains médias guinéens acquis à la cause du pouvoir, on ne peut pas prétendre que cet ouvrage de franchissement a connu une accélération particulière sous le règne du CNRD.
Car la construction de cet ouvrage avait débuté sous le régime d’Alpha Condé en janvier 2021. Et elle est interrompue le 05 septembre 2021, la date du coup d’État militaire de Mamady Doumbouya qui a chassé le tripatouilleur de la constitution Alpha Condé du pouvoir.
Ceci dit, le gouvernement de transition actuel a eu besoin d’un an et sept mois pour terminer cet ouvrage.
Alors sur quelle base peut-on prétendre que la construction de cet ouvrage de franchissement a connu une accélération particulière sous le règne du Comité national du Rassemblement et du développement (CNRD)?
Il n’existe donc aucun argument valable pour faire une comparaison entre la durée d’exécution de ce projet des deux régimes.
Faire une telle comparaison signifie faire preuve de mauvaise foi et manquer de bon sens, car quoi qu’on dise ou fasse, le CNRD ne peut pas être l’initiateur de ce projet. Il en a terminé parce que l’État c’est aussi la continuité.
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Mieux que cache la visite d’Etat du président rwandais en Guinée ?
Paul Kagame est peu regardant sur ce que la démocratie veut dire. Et il est parvenu en plus de deux décennies à tripatouiller la Constitution, à user des manœuvres antidémocratiques pour diriger le Rwanda d’une main de fer.
S’il a pu donc stabiliser son pays après le génocide de 1994, redresser son économie malgré l’absence de matières premières. Il est aujourd’hui considéré par les autorités congolaises et une grande majorité de l’opinion publique africaine, avec son implication dans le conflit armé à l’Est du Congo-Kinshasa, comme un déstabilisateur, un seigneur de guerre qui met tout en œuvre pour déstabiliser ce pays voisin.
Félix Tshisekedi, le président congolais avait laissé entendre «que Paul Kagame s’enorgueillit d’être un faiseur de guerre, un spécialiste dans la guerre. Il en est fier. Moi, à sa place, je me cacherai, j’aurais honte d’assumer le fait qu’on sème la mort et la désolation. C’est honteux… Diabolique».
Or l’Afrique des libertés pour sa stabilité, sa prospérité devrait mettre fin aux bruits des armes pour que le continent immensément riche passe à autre chose. Car elle est taxée d’être à tort ou à raison le continent des guerres, de crises à cause justement des dirigeants mégalomanes sous l’emprise de la vision néo-imperiale.
On n’arrive donc pas à trouver le chemin de la paix et de la stabilité à cause des dirigeants africains ayant une vision néo-impériale du monde à l’image de Paul Kagame.
Paul Kagame dont les discours dans un passé récent étaient considérés comme les paroles de la bible par la jeunesse consciente africaine est aujourd’hui plus préoccupé à ramener les méthodes de la guerre froide des années 60, 70 en Afrique.
En bon seigneur de guerre en République Démocratique du Congo, il ne veut pas que les armes se taisent dans ce pays immensément riche et grand.
C’est un pays en proie à une guerre où non seulement la fausse communauté internationale en tire profit, mais aussi des puissances tutélaires éternelles dont l’opinion sur ce que nous sommes est d’une impérieuse nécessité pour des présidents comme Paul Kagamé.
Alors si Paul Kagame est en Guinée, il y a vraiment lieu de s’inquiéter pour l’avenir de ce pays.
Car il est plus que jamais opposé à l’Afrique des libertés, il est antidémocratique et autoritaire.
Par conséquent, il ne peut plus faire preuve d’exemplarité en Afrique.
Mais à bien analyser, on voit bien que Paul Kagame, à l’image de beaucoup de chefs d’États occidentaux, souffre sans doute de la mégalomanie, sans matières premières, il se rêve en maître du monde pour l’éternité.
Or « La mégalomanie est la surestimation de ses capacités, elle se traduit par un désir immodéré de puissance et un amour exclusif de soi. En psychologie, la mégalomanie est classée dans la famille des psychoses délirantes chroniques. On la nomme couramment folie des grandeurs ou délire des grandeurs ».
Le rapprochement de Mamady Doumbouya et Paul Kagame prouve qu’ils ont en commun la mégalomanie. Ils en souffrent comme la plupart des chefs d’État africains à la solde de l’impérialisme mélanophobe d’ailleurs.
Alpha Condé en souffrait aussi quand il s’est rapproché de lui et c’est pourquoi il fut évincé un 5 septembre 2021, car la Guinée et le Rwanda sont opposés comme le jour et la nuit.
Ce qui est possible au Rwanda ne peut pas être possible en Guinée.
Aïssatou Chérif Baldé