Après l’élection du chef d’État nigérian, Bola Ahmed Tinubu, comme président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), nous avons rencontré Oumar Kateb Yacine de l’Institut Afrique Émergente, un think tank citoyen engagé. Dans cet entretien, ce consultant-analyste donne son analyse sur la portée du choix au nouveau président du Nigeria qui affiche son ambition de mettre fin aux changements anticonstitutionnels et promouvoir l’instauration et la consolidation de la démocratie dans l’espace de la CEDEAO.
Mediaguinee: A l’issue de la 63ᵉ session de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le dimanche 9 juillet à Bissau, le tout nouveau chef d’État nigérian, Bola Ahmed Tinubu, a été élu à l’unanimité nouveau président en exercice de l’organisation. N’est-ce pas un effet de surprise?
Sinon on sait que jusqu’à l’ouverture du sommet, on murmurait les noms du Niger ou du Bénin pour conduire les destinées de la CEDEAO. Même la Sierra Leone nourrissait l’ambition de voir son président, Julius Madabio, (fraîchement réélu à la tête de son pays pour un second et dernier mandat) au sommet de la Communauté sous-régionale.
Mais ce qui semble se dégager, les chefs d’État avaient besoin de quelqu’un dont la voix peut porter loin, au-delà des frontières de la CEDEAO et plus représentatif au niveau de la Communauté internationale, là où se font et se défont tous les grands enjeux. Ils ont misé sur un anglophone dirigeant le pays le plus puissant de notre sous-région.
Attendons de voir. Comme le nouveau président en exercice annonce un sommet extraordinaire dans un mois qui doit se pencher sur les transitions dans ces trois pays. « Dans le cas où le temps imparti pour la transition dans ces trois pays n’est pas respecté, des sanctions majeures pourraient tomber. » a fait comprendre le président de la commission de la Cédéao, Omar Alieu Touray. Reste à savoir si les juntes vont se plier aux conclusions de la CEDEAO. Je ne le crois pas tellement dans la mesure où ces gouvernements de transition se conduisent parfois de manière arrogante en brandissant le souverainisme. Parce qu’ils comptent sur leurs supposés « parrains » qui ne sont que les puissances formant ce qu’on appelle la communauté internationale. La réalité est que l’Afrique, malheureusement, reste toujours un champ de guerre d’intérêts entre les superpuissances.