« C’est la force qui arrête la force ».
Ce sont les militaires putschistes qui ont déclaré la guerre contre nos démocraties naissantes.
Nous sommes sortis difficilement sous la férule des régimes militaires à partir des années 1990, là aussi, il faut le rappeler, en raison du changement de la doctrine onusienne de non intervention dans les affaires intérieures des États par les États-Unis de Bush. Les dictateurs étaient obligés de faire patte blanche dans le monde unipolaire de la pax americana : la démocratie ou un départ forcé du pouvoir.
Au-delà des ingérences des puissances, l’Afrique elle-même a besoin de pacifier les luttes de pouvoir. Or, la démocratie est le système le mieux indiqué pour garantir une d’évolution pacifique du pouvoir. Acceptons le principe que les citoyens en âge de voter choisissent librement leurs dirigeants. Que ces derniers à leur tour respectent et fassent respecter la Constitution de la République.
Nous ne devons pas entériner le retour du pouvoir kaki dans nos pays. Les armées n’ont aucun argument valable pour s’emparer du pouvoir dans ces quatre pays de la CEDEAO.
Certes, le cas de la Guinée et du Mali pose débat. Alpha Condé a fait un coup de force anti-constitutionnel et Ibrahim Boubacar Keita est resté sourd à l’enlisement politique tant avec son opposition que les autres acteurs des accords d’Alger pour sortir le Mali de la guerre civile.
En dépit de la gravité de ces crises politiques, nos lois interdisent formellement à l’armée de diriger le pays. Tout au plus, elle pouvait en toute discretion demander au président incriminé de démissionner pour faire échos aux demandes motivées des acteurs politiques et sociaux du pays.
Quand toutes les institutions constitutionnelles sont domestiquées par le pouvoir exécutif, la seule alternative crédible pour débloquer la situation reste cette intervention discrète de l’armée. Cette dernière n’a pas vocation à gouverner, mais elle peut aider à faciliter la continuité de l’État.
Le président démissionne et la Constitution s’applique en ses articles concernés par l’intérim du président de la République.
Ce sont des arrangements politiques inhérents aux routes sinueuses de la démocratisation. En phase de maturité, aucune intervention de l’armée ne sera nécessaire pour la bonne marche de la démocratie.
Au Mali en 2012, c’est le président de l’Assemblée nationale qui a finalement conduit la transition après le renversement du président Amadou Toumani Touré.
Toutefois, les élites civiles et militaires africaines doivent se résoudre au strict respect de la Constitution. Certains pays africains ont réussi paisiblement leur transition démocratique : le Cap-Vert est un exemple emblématique.
Les putschistes du Mali, de la Guinée, du Burkina Faso et du Niger doivent partir. L’instrumentalisation du panafricanisme pour couvrir leur forfaiture est inacceptable. La souveraineté populaire s’exprime par les élections et non par la force des armes.
Si les militaires putschistes refusent de partir, il n’y a pas une autre option que l’intervention militaire des armées restées fidèles à l’ordre républicain.