Je suis de la génération qui était le fer de lance des combats pour la démocratie et l’État de droit au début des années 1990. Après trois décennies de luttes, nous étions presque parvenus au but nonobstant quelques dernières résistances de forces déclinantes de l’ancien système.
Et voilà, ironie de l’histoire, ce sont nos petits frères passés par l’armée qui tentent de remettre en selle la dictature militaire. Ces jeunes officiers sont assoiffés de pouvoir. Ils ne croient en rien. Avec opportunisme, ils ont embouché la trompette d’autres activistes en service commandé au compte d’officines bien connues pour tromper les opinions publiques africaines en prétendant mener le combat du panafricanisme. Rien n’en est, c’est une question de gros sous.
Comme dans les années 1960, avec le soutien de la Russie qui est l’héritière de l’URSS, ils tirent à boulets rouges sur le bouc-émissaire naturel : la France.
Ne vous y trompez pas, le vrai enjeu reste la consolidation de la démocratie et l’État de droit dans nos pays. Il ne s’agit nullement de concepts abstraits, concrètement ce système politique nous permet de pouvoir choisir librement et pacifiquement nos dirigeants. C’est la stabilité des institutions démocratiques qui permettra le retour de la confiance, donc des investisseurs internationaux dont nos pays ont besoin pour se développer. Comme le dit l’adage « l’argent n’aime pas le bruit ».
C’est quand les dirigeants sont obligés de rendre compte au peuple souverain, qu’ils vont tout faire pour être efficaces afin de pouvoir améliorer les conditions de vie des populations et garantir leurs droits et libertés.
Les militaires quant à eux s’imposent au pays par les armes.
Nous sommes en train de rater encore un tournant décisif. Je le répète toujours : le pouvoir kaki a fait perdre à l’Afrique les décennies 1960-1990. Voulez-vous revivre encore cette expérience désastreuse?
Alpha Saliou Wann de l’AFD