Cette définition claire entraîne pourtant des confusions, dans la pratique et dans les analyses, puisque ce concept désigne trois faits différents que mêlent les uns pour des raisons politiques et les autres par soucis de performance scientifique:
1. la démocratie comme processus implique les mécanismes, les procédures et les formalités de l’organisation politique aux élections;
2.la démocratie comme un état implique une société civile et sa gouvernance; et
3. la démocratie comme un résultat découle d’un état ou est un produit du processus démocratique en soi.
Nous le savons tous, développer la démocratie dans le monde, est une injonction de la Communauté internationale et une exigence de la bonne gouvernance. Or chez nous en Afrique, les relations complexes entretenues entre opposition et pouvoir d’une part et d’autre part, entre les différentes communautés ethniques, nécessitent un compromis gagnant-gagnant sur le pouvoir. Or, depuis l’instauration de la démocratie en Afrique, de nombreux coups d’état et conflits civiles à connotation politico-ethniques naissent dans le continent, mettant ainsi en panne le fonctionnement démocratique.
Aujourd’hui en Afrique, il nous faut distinguer deux afriques, celle qui oeuvre pour que la démocratie s’enracine progressivement, et l’autre, tenue par les promoteurs de la mauvaise gouvernance, de la violence politique, de l’instrumentalisation ethnique et autre présidences à vie. C’est cette deuxième catégorie qui nous intéresse dans ce qui suit:
Les derniers évènements au Gabon et ceux du Tchad, du Mali, de la Guinée-Conakry et du Niger, ne doivent pas nous laisser indifférent, les africains ne cessent de se découvrir, en éffet, le Gabon, j’adis, considéré comme havre de paix, lieu très convoité, où de nombreux étrangers trouvaient leur vie en toute quietude avaient, enfin, brisé l’image de la stabilité après le scrutin Presidentiel de 2016.
Et pourtant, le principe de la démocratie est simple, le pouvoir d’un dirigeant ne serait qu’un pouvoir délégué par le peuple souverain, dans ce sens, le pouvoir devrait prendre l’apparence d’un pouvoir sans domination et sans écrasement du peuple souverain. Le pouvoir perd ainsi son autonomie et dépend du peuple. En finalité, l’avantage de la démocratie permet à une compétition démocratique et honnête, dont, il sortira de l’émulation (vote) dû au peuple souverain, le moins mauvais qui assurera la destinée nationale.
En Afrique aujourd’hui, ce principe élémentaire a laissé la place à la manipulation des constitutions par le biais de modification constitutionnelle en ouvrant la voie au troisieme mandat et à la corruption des consciences d’opposants qui n’ont pas de moyens suffisants d’existence. Ainsi l’honneur laisse la place au déshonneur. Résultat, la crise de confiance en politique prend effet en même temps que le déficit démocratique.
Ce déficit démocratique, à l’approche des élections, conduit, toujours, à une prudence de l’opposition, et efface l’espoir ou l’optimisme des citoyens de la démocratie, et la valeur de la paix se trouve écarter, et pourtant, la paix est la valeur consensuelle et contractive entre deux forces.
Deux constats se distinguent en Afrique:
• L’opposition est traquée, intimidée par le pouvoir et devient résignée, la presse est presque muselée, les institutions et la socité civile afaiblies, le pouvoir politique n’a plus de contre poids. Dans un tel contexte la démocratie est confisquée, et toutes les atteintes sont possibles (droits de l’homme, Impunités, corruption, fraude).
• L’opposition et la société civile présentent une force socio-politique incontournable qui devrait être capable de contribuer à la recomposition du paysage politique et le manque du respect du jeu démocratique peut créer des forces sociales et populaire incontrôlées d’où l’explosion de la violence et des troubles politico-ethniques et ouvre la voie aux Militaires de renverser le regime.
On a tous compris, l’alternance démocratique a cédé sans doute la place à la présidence à vie, dont la conséquence est l’usure du pouvoir.
L’usure du pouvoir se caractérise par la perte du contact avec la réalité, et se traduit le plus souvent par une perte de légitimité vis à vis des citoyens. Un pouvoir usé ne s’en rend pas compte de son bilan catastrophique, généralement, il se fond sur des jugements insensés et la fuite en avant devient l’ultime bataille.
Or, gouverner un pays, nécessite la crédibilité et la légitimité populaire, c’est ainsi, nous pouvons constater dans les temps, par exemple, au Ghana et au Benin, les Presidents: John Dramani Mahama et Thomas Boni Yayi, se sont résignés au verdict populaire sur l’usure, c’est pourquoi, ils avaient jugé nécessaire de ne pas briguer un autre mandat, malgré leurs appréciables bilans.
La longévité du pouvoir, l’articulation des différents comportements autour du pouvoir, les ambiguïtés qui existent parfois dans les discours, témoignent résolument, de la complexité des pouvoirs politiques usés et l’analyse autour de leur personnage décrit, généralement, des hommes d’état qui deviennent progressivement dictateurs et monarques.
Le constat ailleurs en Afrique,pour la plus part des pays qui ont maintenu ces genres de pratiques, ce rêve de pouvoir illimité a maintenue les anciens rapports sociaux du monopartisme, entrainant, ainsi, à l’illusion d’un pouvoir politique héréditaire et l’illusion de nation démocratique.
Il se passe, donc aujourd’hui en Afrique, un conflit entre « l’ordre ancien », qui puisait ses excuses, dans les sociétés traditionnelles, où le pouvoir est absolu, non partagé et non critiqué, et « le nouvel ordre » qui est l’aventure dans le temps et l’espace et les libertés fondamentales en utilisant les moyens modernes que nous offrent les nouvelles technologies.
De ce conflit, naissent de rebellions ou de coup d’Etat qui a pour principal objectif, de briser le monopole du pouvoir détenu, injustement, par un clan, et de mettre fin à l’usure du pouvoir. Aujourd’hui la démocratie a été acceptée dans tous les pays africains, et dans ces nouvelles luttes contre les pouvoirs usés, des Chef d’états ont préféré lâché de lest, sous la pression de la rue, pour préserver leur vie et celle de leur progéniture, c’est le cas du Burkina Faso, de la Gambie, de la Centre Afrique et d’autres.
Néanmoins, il existe, encore, dans le continent, plusieurs foyers de pouvoirs usés, où les nouvelles luttes n’ont pas, encore, crée de forces centripètes et coercitives, pour permettre l’éclosion de l’alternance. Ces foyers de pouvoirs usés sont des foyers de tensions futures, allant du compromis sur l’organisation des élections aux compromis des résultats des élections.
On a tous compris un régime s’use dans le temps, pour permettre au mieux l’alternance des régimes usés, qui ont l’illusion du pouvoir à vie, il convient de limiter les mandats présidentiels et de faire la promotion de bonnes pratiques démocratiques en repondant aux attentes des populations.
Par ailleurs, les états africains en proie au bon fonctionnement de la démocratie, et qui respectent, la limitation aux mandats présidentiels, ont pu organiser les élections avec moins de fraudes possibles.
Tous les états africains qui ont dérogé à cette règle, par des modifications constitutionnelles, par les Dictateurs et par leurs assemblées croupions, sont en proie à des violences politiques interminables et qui durent dans le temps,
En somme, la limitation à deux mandats présidentiels non renouvelables, la démocratisation véritable, la promotion de la paix, de la cohésion sociale, l’entrepreunariat, la bonne gouvernance,… demeurent, les seuls moyens de répondre aux alternances, aux usures de pouvoir et permet de faire vivre la démocratie. Tous les pays, engagés dans cette voie, sont engagés sur le chemin de la paix et pendant très longtemps. Il ne reste, donc qu’aux états dirigés par les dictateurs qui se réclament pour la paix, de suivre cet exemple, qui est un gage de paix et de bonne gouvernance, ainsi, ils montreront leurs volontés pour la paix et de la bonne gouvernance.
Amadou Saikou Diallo
“La Voix du Citoyen”
Washington D.C