En Guinée, l’assassin du CNRD Mamadi Doumbouya avait tout planifié, mais la fête n’a pas eu lieu. Tandis qu’une manifestation de l’opposition a été réprimée, l’armée a procédé à plusieurs dizaines d’interpellations ces derniers jours dans les rangs de l’ancienne garde d’Alpha Condé.
Le deuxième anniversaire de l’accession au pouvoir du criminelduCNRD, le 5 septembre 2021, laissera un goût amer. Alors que les préparatifs battaient leur plein dans toutes les régions, le colonel devait se rendre à Siguiri, le fief d’Alpha Condé, et un concert devait être organisé à Conakry. Mais il a finalement renoncé à ce déplacement et la plupart des festivités, dont des défilés militaires, ont été annulées sans explication.
Le Forum des forces vices de Guinée, qui milite pour une transition brève et inclusive, avait appelé à manifester pacifiquement dans la capitale. Les manifestations qui ont débuté la veille, le 4 septembre, dans certains quartiers, notamment à Sonfonia et Bambeto, ont été réprimées. Bilan : plusieurs morts et une dizaine de blessés, selon les organisateurs.
Une centaine d’arrestations
Dans la soirée, le gugusse de l’Administration du territoire, Mory Condé, a publié un communiqué afin de « réitérer l’interdiction formelle des mouvements de soutien et des manifestations sur la voie publique », dans les deux camps. De son côté, l’opposition, réunie au sein du Comité d’organisation des forces vives de Guinée, a dénoncé « le choix cynique de la répression sanglante des Guinéens dans le seul but de confisquer le pouvoir en lieu et place d’un dialogue fécond pour un retour diligent à l’ordre constitutionnel. »
Mamadi Doumbouya cherche-t-il à « caporaliser » l’administration guinéenne ?
Coïncidence ? Des bruits de bottes se sont fait entendre ces derniers jours. Selon nos informations, l’armée guinéenne a procédé à une vaste série d’arrestations dans ses rangs. Au total, plusieurs dizaines de personnes ont été interpellées, de manière préventive, selon plusieurs sources, et auraient été regroupées pour partie sur l’île de Kassa.
Tentative de coup d’État ?
Recrutés parmi les enfants des militants historiques et la garde civile du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG arc-en-ciel), autrefois dirigée par le colonel Alpha Mamadou Kaloko (aujourd’hui magistrat militaire), ces éléments avaient été formés en Angola et au Burkina Faso. À leur retour, les « Angolais » avaient été réaffectés à travers le pays, certains en tant que militaires et d’autres au sein des services des renseignements. L’adjoint d’Alpha Mamadou Kaloko, le colonel Yémoiba Camara, n’avait quant à lui pas survécu à l’assaut qui avait visé Alpha Condé, le 5 septembre 2021. À ce jour, ces arrestations se poursuivent, sans que les raisons précises n’en aient été dévoilées.
« Un échange de tirs à l’arme automatique a eu lieu entre putschistes et la garde. Une centaine d’officiers et sous-officiers sont arrêtés », a posté le 4 septembre sur le réseau social X (anciennement Twitter) Sékou Koundouno, un des responsables du Front national pour la défense de la Constitution, exilé en France. Or, si certaines sources affirment en effet qu’une tentative de coup d’État a eu lieu dans la nuit du 26 au 27 août, rien ne permet actuellement de le prouver.
Jeune Afrique