Le récit est loufoque. La sortie médiatique est tournée en dérision dans l’opinion. Et pourtant, il s’agit d’une affaire très sérieuse, qui devait à cet effet être prise comme telle. Le procureur de la république près le tribunal de première instance de Kaloum et celui près le tribunal de première instance de Dixinn révèlent l’existence en Guinée d’une cellule dormante du terrorisme. Pour dire les choses comme telles, ces deux empereurs de la poursuite et des enquêtes ont plutôt dit, qu’il y a en Guinée forestière et en Haute Guinée, des terroristes qui ne sont pas menaçants. Pour rappel, à l’intention de ces derniers, que le terrorisme, selon plusieurs définitions, vise à apporter un changement politique par la violence et la peur. En termes plus simples et digestes, le terroriste c’est quelqu’un qui sème la terreur, donc qui commet des crimes graves.
Il est donc utile de se pencher sur le sens du discours et l’opportunité de la sortie. La communication peut faire planer une menace sur le plus grand projet minier du monde qui se trouve dans ces zones, désormais indexées comme étant des zones dangereuses. Il s’agit du Simandou dont la réalisation suscite assez d’espoir pour le pays. Des esprits trop prétentieux redoutent aussi que cette communication soit une manière plus cynique de justifier l’installation d’une base française, sans cesse repoussée à cause des réactions hostiles de la population. Cette spéculation est nourrie par le soutien à peine voilée, plutôt assumée de la France à la transition. D’autres tout aussi prétentieux, y voient une manière pour la junte au pouvoir qui essuie un procès en césarisme, de justifier certaine de ses prétentions.
Par ailleurs, dans le contexte actuel marqué par de grandes interrogations sur la capacité de l’Etat à assurer la sécurité de sa population , on peut y craindre. C’est une préoccupation, désormais largement partagée suite à la récente attaque de la maison centrale de Coronthie, au cœur du pouvoir central, avec des assaillants qui n’avaient pas l’air pressés de quitter les lieux et non plus inquiets d’une réplique qui n’a eu lieu que des heures après. La faille dans la sécurité s’explique par le manque de coordination et d’anticipation de la part des services de sécurité et des renseignements généraux. C’est une situation qui perdure et qui est pourtant constamment rappelée dans les rapports concernant le terrorisme. Selon nos informations, il existe bel et bien en Guinée, notamment dans les mines, des personnes réputées être proches des groupes terroristes qui opèrent au Mali. Les différents rapports font également état de dizaines d’ONGs opérant en Guinée et servant de sources de financement à ces terroristes. Pire, des Guinéens, des dizaines aussi, sont signalés actifs au sein de Daech et d’autres groupes qui sèment la terreur dans la bande du sahel.
Au lieu d’en parler, surtout de cette façon décalée, il faut agir. Bien agir. Dépasser les antagonistes et les visées insidieuses, pour coordonner la lutte, c’est là la stratégie indispensable à l’efficacité du combat .
In Djoma