Le Conakry-express ou bien le train du peuple pour ne prendre que cet exemple, est un train que de nombreux guinéens utilisent chaque jour pour se déplacer. Il suffit de faire un petit tour au point d’embarquement ou de débarquement pour se rendre à l’évidence.
Ce train, fruit de la coopération guineo-chinoise a été commandé par l’équipe du CNDD au pouvoir en 2009. C’etait une machine dotée de 5 puissantes locomotives et de 18 voitures voyageurs. Seulement voilà, aujourd’hui, le Conakry-express ne circule plus normalement, le train du peuple est beaucoup plus à l’arrêt qu’en circulation. Les raisons de ce manque d’activité sont entre autres: la mauvaise exploitation et de gestion, le manque de professionnels du secteur, l’inexistence d’ateliers de maintenance et de pièces de rechange. A cela peut s’ajouter la difficile cohésion entre la CBK qui est une voie minéraliaire et la SNCFG.
La commande helvétique
Sous le régime Condé, alors qu’un ministre qui avait été porte-parole du gouvernement et à un moment donné de l’opposition, était à la tête du département des Transports, une commande de voitures voyageurs a été faite en Suisse. Une commande qui avait suscité maints commentaires. D’où viennent les fonds qui ont servi à l’achat de ce vétuste matériel ferroviaire helvétique et combien avait coûté les frais de transports de ce matériel pour qui sait les coûts généralement très élevés du transport maritime ? Curieusement, ces voitures voyageurs n’ont jamais roulé. Elles sont abandonnées jusqu’à présent au port de Conakry, sans aucune explication.
Quel gâchis financier ?
Ces voitures devraient exploiter la voie Fria. D’après une source indépendante, les russes qui gèrent cette voie ferrée avait demandé au ministère des Transports de leur fournir un programme d’exploitation. Quelque chose qui n’aurait jamais été faite. A rappeler également que les deux locomotives du type CC de marque canadienne des voitures voyageurs suisses, avaient longtemps stationné au dépôt de la gare centrale de Conakry. Ces locomotives avaient été acquises sous la première république. Elles avaient été rénovées en 1997 grâce à un financement du Japon à hauteur de 2 millions de dollars américains. Malheureusement, les locomotives seront vendues aux russes de Fria à seulement 17 milliards de francs guinéens. Un prix nettement inférieur à celui de leur rénovation. Du patrimoine national, les locomotives appartenaient à l’Office national des chemins de fer de Guinée ( ONCFG ) qui n’était pas encore liquidé en ce moment. C’était plutôt la Société nationale des chemins de fer de Guinée, une entreprise sans statuts, qui était à la manœuvre.
Le train bleu ou le blue line
Ce train de 6 voitures voyageurs était bel et bien exposé sur la voie Fria du côté opposé au Palais du peuple. Les usagers de l’autoroute Fidel Castro en partance pour Kaloum pouvaient l’apercevoir du côté droit. Le train bleu n’a lui aussi jamais roulé. Les techniciens du secteur avaient pourtant prévenu que ce train ne serait pas fonctionnel. Alpha Condé avec la complicité de Bollore l’avait simplement exposé là pour des motifs de campagne électorale comme il savait bien le faire. De la poudre aux yeux des Guinéens.
C’est bien dans ce contexte d’incertitude que les cadres du département des Transports se retrouvent cette fin de semaine dans la région de Boke pour une retraite Technique stratégique, nous dit-on. De quoi parleront-ils, pour quels résultats ? Des techniciens du secteur sont-ils présents ?
En tout cas, une volonté politique aurait suffit pour doter la Guinée d’une ligne de transport ferroviaire digne du nom à l’image de certains pays limitrophes. Oui, c’est bien possible !
Bah Mamadou
