Fermetures de médias, musellement, interpellations de journalistes… Dans ces trois pays où les militaires se sont emparés du pouvoir, le secteur de la presse subit d’inquiétants coups de boutoir.
Lecture de journaux burkinabè, dans un kiosque à Ouagadougou, le 7 juin 2021.Lecture de journaux burkinabè, dans un kiosque à Ouagadougou, le 7 juin 2021. PHOTO OLYMPIA DE MAISMONT/AFP
“Un silence radio de plus en plus assourdissant”, titre Le Lynx, dans un état des lieux du musellement des médias en Guinée.
Fin novembre, les fréquences des radios privées les plus écoutées ont été brouillées. En moins d’une semaine, énumère le journal guinéen, FIM FM, Djoma FM, Espace FM et Évasion FM se sont tues les unes après les autres.
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“À la place de leurs programmes habituels, de la musique est diffusée en boucle, notamment la chanson Béni Baralé de Bembeya Jazz, qui magnifie la fierté nationale. Mais quelle fierté, sans liberté ?” poursuit-il. Plus de 500 employés de ces médias sont au chômage.
Des coupures inédites depuis 2006, date de création des premières radios privées, et qui font tristement écho au paysage audiovisuel sous la Première République du dictateur Sékou Touré. “On n’entend presque plus que la voix officielle des médias d’État”, se désole Le Lynx.
À ce brouillage des ondes radio s’est ajoutée la suspension du signal de trois chaînes privées guinéennes du bouquet Canal+ : Djoma TV, Espace TV et Évasion TV. “Impératifs de sécurité nationale”, a justifié l’instance de régulation des médias.
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Ces médias postent encore quelques contenus sur leur site, mais les restrictions d’Internet sont également légion depuis un an.
Un phénomène général
Le 18 avril, les responsables des associations de presse ont décidé d’exposer leur situation au président de la junte, Mamadi Doumbouya, au pouvoir depuis le 5 septembre 2021 en Guinée. Mais elles n’ont pas encore été reçues. Quant aux partenaires étrangers de la Guinée, la plupart se sont émus de cet amenuisement de la liberté de presse… mais pas la France, “le pays des droits de l’homme”, regrette un collaborateur de FIM FM dans une tribune publiée par Le Djely.
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Au Burkina Faso, lui aussi dirigé par un régime militaro-civil depuis les coups d’États du 22 janvier et du 30 septembre 2022, la radio Savane FM a été fermée le 24 avril dernier au motif d’un impayé fiscal. “On était en train de préparer le journal. J’étais de présentation lorsque les agents des impôts sont venus nous sommer de libérer le bâtiment”, raconte au Faso le journaliste Issa Oumar Atiyé. Lequel encaisse difficilement le coup. “Le journal et le terrain me manquent”, dit-il.
“Aucun média ne peut être viable dans un contexte où les espaces de liberté se rétrécissent dangereusement”, ont déclaré les organisations professionnelles de presse dans un communiqué relayé par Le Faso, en invitant les services des impôts à prendre en considération cette situation.
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Enfin, au Niger, le directeur de publication du journal L’Enquêteur, Soumana Idrissa Maïga, a été interpellé, puis placé sous mandat de dépôt le 29 avril. Il est accusé d’“atteinte à la défense nationale”, relate Aïr Info, pour avoir mentionné une information du Figaro au sujet d’“installation présumée d’équipements d’écoute par des agents russes sur les bâtiments officiels”.
Dans un autre article, le site d’information nigérien reprend un communiqué de Reporters sans frontières, qui estime que “les autorités nigériennes envoient un terrible avertissement […], bien que la loi ait dépénalisé les délits de presse”.
Courrierinternational.com
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