Le général Mamadi Doumbouya vient de réparer une injustice vieille de 26 ans.
Cette réparation partielle initiée par le général Doumbouya est à saluer et à encourager, car il n’est jamais trop tard pour corriger une injustice, même celle commise par le CNRD.
L’histoire du quartier de Kaporo-Rail, en 1998, est marquée par une vaste opération de déguerpissement menée par les autorités guinéennes. Kaporo-Rail, situé dans la commune de Ratoma à Conakry, était habité par des milliers de familles depuis plusieurs décennies.
En 1998, le gouvernement guinéen a décidé de démolir les habitations de cette zone pour récupérer les terrains, considérés comme propriété de l’État, dans le cadre d’un projet de réaménagement urbain.
Je me rappelle comme si c’était hier : je voyais des bulldozers raser les maisons de citoyens impuissants face à l’injustice qu’ils subissaient, sous les crépitements des balles et des gaz lacrymogènes.
Cette opération a entraîné l’expulsion de milliers de familles, qui ont vu leurs maisons détruites sans indemnisation. Les démolitions se sont déroulées rapidement, laissant de nombreuses personnes dans un désarroi total, sans abri ni alternative.
Les habitants ont perdu leurs biens matériels et leurs habitations, et leur mode de vie a été brutalement perturbé. Des pères et des mères ont été humiliés et frappés sans aucun remords.
Certains enfants, de retour de l’école, n’ont pas pu reconnaître leur domicile, car il ne restait plus rien. Le choc fut si violent que certains parents ont perdu la vie, incapables de supporter cette humiliation, cette injustice et une telle barbarie.
Cette évacuation a touché non seulement les propriétaires terriens, mais aussi les locataires, les commerçants et toutes les personnes qui y vivaient depuis des années.
Les autorités ont justifié l’opération en affirmant que Kaporo-Rail faisait partie d’une zone réservée pour des projets de développement urbain, et qu’il était nécessaire de libérer l’espace pour moderniser Conakry.
Pourtant, cette explication n’a pas apaisé les critiques, car beaucoup ont dénoncé la manière brutale et précipitée avec laquelle l’opération a été menée, sans considération pour les droits et le sort des personnes affectées.
Aujourd’hui, 2 673 familles vont enfin retrouver un toit sur un domaine de 258 hectares, à Donéyah, sous-préfecture de Wonkifong, préfecture de Coyah.
Les victimes des opérations de déguerpissement de Kaporo-Rail, Kipé 2 et Dimesse, des quartiers situés dans la banlieue nord de Conakry en 1998, sous le régime du feu général Lansana Conté, et plus récemment en 2019, sous le régime d’Alpha Condé, voient ainsi une partie de leurs souffrances reconnues et soulagées.
Félicitations mon général
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation
Très très indépendant