Transition: Alpha Condé, le temps et le peuple (L’édito)
Ah, le temps, cet allié de Dieu et ennemi de l’homme. Le Pr. Alpha Condé qui aime rire de tout et se plaît à rappeler sa force de patience, de prime abord, sourira de la tournure actuelle des évènements avant de plaindre les Guinéens dont il ne s’est pas détourné bien que les raisons pour le faire ne manquent pas. Il a tout de même été lâché par une frange importante d’un peuple qu’il croyait l’aimer comme il l’aime, a été abandonné à son sort par nombreux de ses compatriotes et beaucoup de ses partisans ayant bénéficié de ses faveurs et de ses largesses. Si lui, peut se réjouir, intimement, d’avoir eu raison sur beaucoup de ses détracteurs, ses compatriotes qui ont souhaité son départ ou s’en étaient félicités, eux, se tordent de regrets et vivent un drame intérieur. Rien ne s’est passé comme prévu et espéré pour personne. La partie du « peuple » qui a jubilé trop tôt arrive difficilement à relever la tête et à croiser le regard d’autrui. D’autres qui ont espéré que la révolution de palais saluée comme un acte héroïque leur apporterait le meilleur se contenteraient bien maintenant d’éviter le pire. Tout ça pour ça ?, s’interroge chacun, partagé entre la violence du dépit et les tourments des regrets.
C’est au Pr. Alpha Condé qu’on a pensé faire du mal, mais, on lui a fait le plus grand bien de lui permettre de voir de son vivant sa réhabilitation forcée, d’assister au désarroi de ses pires pourfendeurs. Quel revirement de situation ! Il n’appartient plus à un passé qu’on aimerait oublier. Il rappelle plutôt des souvenirs qu’on aimerait revivre. La nostalgie d’hier est plus forte que l’espérance perdue d’aujourd’hui. La fureur du procès public hystérique est retombée. La voix silencieuse d’un mea culpa sincère retentit dans chaque conscience. Le « peuple » pleure d’avancer à reculons, de regretter chaque fois d’aller vite en besogne. Certes il est habitué à subir, cependant, il est capable aussi d’agir et réagir lorsqu’il est excedé pour reprendre en main son destin et précipiter le cours de l’histoire.
Le peuple n’est jamais aussi dangereux que lorsqu’il paraît résigné et accomodant dans le secret de sa déception et des illusions perdues.
Le Président déchu, le Pr. Alpha Condé, pour sa part, est plus vivant et combattif lorsqu’on le donne pour mort et enterré. C’est un éternel ressuscité.
Il n’y aura pas de répit, faute de combattants ni défaite assurée pour les uns, victoire acquise pour les autres. Le temps fera son œuvre, le peuple n’a pas encore dit son dernier mot. Somme toute, si les voies du Seigneur sont insondables, les réactions des politiques et les émotions des peuples sont aussi imprévisibles qu’incontrôlables. Les jeux sont ouverts, les paris aussi. Le match ne fait que commencer.
L’édito / lerevelateur224.com