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Guinée: « Télimélé et la malédiction des mines ! », Mamadou Saliou

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Jusque-là les populations résignées de Telimélé s’apitoyaient sur leur sort que du fait de l’enclavement de la préfecture et du manque criard d’infrastructures sociales de base. Le tout résumé par le refrain régulièrement scandé par les populations martyres de Horé Loubha. “ pas d’eau, pas d’électricité, pas de route”. Désormais, à cette pénible réalité vient s’ajouter la malédiction des ressources minières. Si le mal n’épargne aucune localité minière du pays à Télimélé le risque est plus énorme d’autant que la nature a sonné l’alarme mais tout le monde regarde ailleurs faisant fi du mal ravageur

Cette année les Télimélécas ont vécu une vague de chaleur qui a exterminé des bêtes et asséché des cours d’eau. Tenez-vous bien, le thermomètre a affiché cette année 49° à Télimélé. Un pique jamais égalé sur place depuis près de 60 ans.
Transpirez vite puis prenez un verre d’eau et revenez pour savoir l’origine du mal.

A Telimélé, en l’espace de quelques années seulement, une dizaine de grosses compagnies minières se sont installées. De Daramagnaki à Konsotami en passant par Kawessi missira et Sinta les pauvres populations vivent dans des nuages de poussière rougeâtre et du bruit assourdissant des gros camions de transport de la bauxite. Partout, l’espoir suscité par l’exploitation minière pour lancer le développement des différentes localités et de la préfecture a cédé la place à la désolation.

Chaque jour qui passe des champs agricoles, des arbres fruitiers, des lieux de pâturage sont dévastés. Les jeunes qui comptaient sur le respect du contenu local pour trouver un job même temporaire ont fini par prendre la route de Nicaragua laissant dernière enfants et personnes du troisième âge.

Le comble du desatre, des administrateurs territoriaux se promènent dans les localités minières pour distiller des fausses promesses face à des populations traumatisées par une réalité qui a bouleversé les habitudes et affecter même le vivre ensemble. Les populations de Kawessi ont payé le plus lourd tribut. Sur place, il faudra des décennies pour cicatriser la déchirure sociale provoquée par la gestion des maigres recettes minières.

Pendant que Kawessi, Missira, Dara Magnaki et Sinta sont dans l’abîme, la commune urbaine de Telimélé, Sarékaly et Brouwal s’apprêtent à vivre l’enfer. Les jours au paradis sont désormais comptés pour les populations de ces localités, le temps d’une exploration pour une compagnie minière qui vient d’avoir son permis.

Mais à Télimélé y en a qui veulent cacher le soleil avec la main parce qu’ils veulent que tous se passent à vis clos. Sur place celui qui parle de mine est traité comme un paria. Mais loin de critiquer ou de dénoncer qui ce soit mon intention en écrivant ces quelques lignes est d’exposer une réalité, susciter le débat et interpeller les consciences pour provoquer des actions respectueuses de l’environnement pour contrecarrer le désastre qui affecte les populations de Telimélé.

Mamadou Saliou