On pourrait croire qu’en Afrique, où les relations familiales et amicales pèsent souvent plus lourd que les règles, un président cèderait aux pressions affectives. Mais Doumbouya a choisi un autre chemin, celui de la fermeté implacable. Mandian Sidibé, pourtant proche de la famille présidentielle, notamment de la mère du président, a été écarté sans ménagement. Une décision brutale, mais nécessaire, face à la gestion chaotique qui a plongé l’OGP dans une crise profonde.
Depuis des mois, les employés de l’OGP accumulaient des arriérés de salaires, tandis que l’institution se débattait dans un bourbier de favoritisme et de népotisme. Ce qui devait être une machine à générer des ressources pour l’État s’était transformé en un fief de privilèges personnels. Une situation intenable dans un pays où la pauvreté et le chômage imposent déjà leur loi.
L’acte du Général Doumbouya sonne comme une leçon magistrale. Il rappelle que l’État n’est pas une affaire de famille. En sacrifiant un proche, il envoie un message puissant : la responsabilité et la compétence doivent l’emporter sur les affinités personnelles. La Transition ne peut tolérer l’impunité, même si elle se cache derrière des figures familières.
Mandian Sidibé, pourtant habitué aux plateaux médiatiques pour défendre bec et ongles la Transition, n’a pas échappé à la sentence. Son éviction est un rappel cruel mais salutaire : nul n’est intouchable. Ce coup de balai, aussi symbolique que politique, impose un standard de gouvernance que bien des administrations africaines feraient bien d’imiter.
La tâche du Général Doumbouya reste toutefois ardue. Le poids des habitudes clientélistes ne disparaît pas d’un revers de main. Mais en franchissant ce cap, il place la barre haut et se met lui-même au défi de maintenir ce cap, coûte que coûte.
Ainsi, la destitution de Mandian Sidibé dépasse le simple cadre d’une sanction administrative. C’est un acte fondateur, un manifeste politique où l’exigence de rigueur et de transparence écrase la tentation du favoritisme. Le message est clair : pour survivre à l’épreuve du pouvoir, la Guinée devra se réinventer sous le signe de l’intégrité et de la justice. Et cela commence, parfois, par le sacrifice des siens.
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