Guinée-Sierra Leone : Quand l’histoire se répète au détriment des droits humains
Les événements récents entre la Guinée et la Sierra Leone rappellent tristement que l’histoire est parfois un disque rayé. Des expulsions massives orchestrées par les autorités guinéennes, suivies de représailles ciblées par les forces de sécurité sierra-léonaises contre des membres de la communauté Fullah, plongent la sous-région dans une spirale de tensions. Une situation qui heurte de plein fouet les principes de coopération régionale et les valeurs fondamentales des deux États.
La libre circulation, une promesse trahie
Le Protocole de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes semble n’être plus qu’un texte poussiéreux. L’expulsion de Sierra-Léonais par la Guinée et le ciblage des Fullahs en Sierra Leone sont des entorses flagrantes à cet accord fondateur. Ce pacte régional garantit pourtant à chaque citoyen ouest-africain le droit de circuler, de résider et de travailler dans l’espace communautaire. Aujourd’hui, ces droits sont piétinés.
Des valeurs constitutionnelles bafouées
La Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques sont clairs : les expulsions collectives et les sanctions sans procès sont prohibées. Alors pourquoi ces violations persistantes ? L’absence de procédures légales et le profilage ethnique sont une gifle à l’État de droit.
Une fracture historique ressurgie
Les Fullahs, citoyens à part entière de la Sierra Leone, sont aujourd’hui stigmatisés comme des « étrangers sans papiers ». L’histoire se répète tragiquement, réveillant les spectres des divisions ethniques des années 1970. Les arrestations arbitraires et les détentions injustifiées alimentent un climat délétère qui pourrait durablement affecter la cohésion nationale.
Quand la diplomatie devient urgente
La situation appelle à une réponse forte et immédiate. L’Institut pour la Recherche Juridique et la Promotion de la Justice (ILRAJ) ne mâche pas ses mots : il exige l’arrêt immédiat des violences, le respect des traités internationaux et une enquête indépendante pour identifier les responsables. Il en va de l’avenir de la paix et de la stabilité dans la sous-région.
Une lueur d’espoir ?
Tout n’est pas perdu si la Guinée et la Sierra Leone choisissent le dialogue plutôt que l’affrontement. La coopération régionale, inscrite dans les objectifs de l’Union du Fleuve Mano, pourrait encore être sauvée. Mais pour cela, il faudra des engagements sincères, loin des discours creux et des représailles hâtives.
Un appel à l’action
Il est temps pour les deux États de démontrer que la justice n’est pas une option, mais une obligation. Que chaque citoyen, quelle que soit son appartenance ethnique, puisse vivre sans crainte, dans la dignité et le respect des droits fondamentaux. La frontière peut séparer des territoires, mais elle ne doit jamais diviser l’humanité.
Indépendant