Guinée: un an après l’incendie meurtrier d’un dépôt de carburant à Conakry, l’opacité de l’enquête fait polémique
Dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023, un gigantesque incendie ravageait un dépôt de carburant dans la capitale guinéenne, provoquant la mort de plus de 20 personnes et causant d’importants dégâts matériels. Alors qu’un an après, la société civile déplore l’absence d’information sur l’enquête promise par les autorités, le gouvernement préfère mettre en avant les importants moyens qu’il a déjà débloqués pour les sinistrés.
Publié le : 18/12/2024 – 05:03
Modifié le : 18/12/2024 – 15:01
4 min
Des pompiers s’efforcent d’éteindre l’incendie du dépôt de carburant de Coronthie, à Conakry, le 18 décembre 2023.
Des pompiers s’efforcent d’éteindre l’incendie du dépôt de carburant de Coronthie, à Conakry, le 18 décembre 2023. © Souleymane Camara / REUTERS
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RFI
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C’était il y a exactement un an en Guinée. Dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023, peu après minuit, une puissante explosion provoque un incendie géant dans un important dépôt de carburants du quartier de Coronthie, sur la presqu’île de Kaloum, à Conakry.
Rapidement, le bilan de la catastrophe se révèle très lourd : plus d’une vingtaine de morts, plus de 200 blessés, mais aussi des milliers d’habitants sinistrés et d’importants dégâts matériels causés, ce qui conduit le président de la Transition guinéenne, Mamadi Doumbouya, a décréter trois jours de deuil national.
Le procureur de la République annonce, de son côté, l’ouverture de plusieurs enquêtes judiciaires contre X, à la fois pour des faits présumés d’incendie volontaire, mais aussi pour destruction, homicide et coups et blessures volontaires. En parallèle, la justice annonce aussi la mise en place d’un pool d’enquêteurs composé de la gendarmerie, de la police et de la protection civile.
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Alors un an après, où en est-on ? Au sein de la société civile, Abdoul Sacko aimerait bien le savoir mais le coordonnateur national des Forces sociales de Guinée, également membre de la Coordination des forces vives de Guinée, déplore le silence des autorités à ce sujet.
« Un an après, le site où a eu lieu l’incendie ressemble à un espace en ruines et aucun Guinéen ne sait, aujourd’hui encore, quel est le véritable bilan de ce drame. Mais le pire, c’est de ne toujours pas savoir ce qui en a été à l’origine, si bien que les interrogations et les inquiétudes demeurent parce qu’on ne sait rien ni si cela peut se reproduire un jour, déplore-t-il. Une enquête a certes été annoncée mais depuis aucun indice ne montre que la justice s’est bougée. Or les Guinéens ont le droit de savoir : qu’est ce qui a provoqué cette explosion ? Quel est son réel coût économique et humain ? Qu’a fait l’Etat pour les sinistrés ? Voilà ce que nous demandons : rien de plus, rien de moins », poursuit Abdoul Sacko.
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Les sinistrés reconnaissent en outre que des sacs de riz et de l’argent ont bien été distribués, mais ils accusent les autorités d’avoir bloqué les dons servant à la reconstruction. Ils soulignent aussi que sans transparence dans les enquêtes, ils ne participeront à aucune discussion sur leur relogement.
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« Mauvais procès »
Face à ces critiques, Ousmane Gaoual Diallo défend lui avec acuité l’action de l’Etat guinéen. Ministre des Transports et porte-parole du gouvernement, il déplore d’abord « un mauvais procès » quand on dit « qu’il n’y a pas eu suffisamment de communication » de la part des autorités. « Il faut savoir ce que l’on veut : quand on parle beaucoup, on nous taxe de faire de la propagande. Quand notre parole est plus mesurée, on nous dit qu’on n’en fait pas assez ! »
Apportant le chiffre de 2140 sinistrés dans l’incendie, celui-ci insiste aussi longuement sur les « importants moyens » mis en place pour leur venir en aide. « Des centres de santé ont été touchés, notamment le centre mère-enfant Bernard-Kouchner qui a été complètement dévasté. Aujourd’hui, il est complètement rénové. Le collège et le lycée 28-Septembre qui ont été complètement détruits sont aujourd’hui debout. Quant à la prise en charge des familles, elle se poursuit, énumère ainsi le ministre avant de poursuivre : Il y a plus de 24 concessionnaires dont les concessions ont été rénovées. Il y a un peu plus de 300 familles qui étaient locataires pour lesquelles l’État a budgétisé et mis à disposition plus de 7 000 000 de francs guinéens pour leur permettre de trouver un logement. Et la prise en charge alimentaire, elle aussi, se poursuit. Alors franchement : à moins de vouloir faire un mauvais procès à l’État, les autorités en place ont fait beaucoup de choses et continuent de veiller sur ces familles », avance-t-il en guise de conclusion.
Avec Rfi