La valse des vestes : entre ambitions et contradictions politiques en Guinée !
Fichtre ! Voilà donc que le docteur Faya Lansana Millimouno, leader du Bloc Libéral, nous gratifie d’un énième retournement spectaculaire. Lui qui, hier encore, arborait fièrement les couleurs du CNRD et défendait avec ferveur les actions du Colonel Mamadi Doumbouya, se découvre aujourd’hui une âme critique. Il exige du Général Mamadi Doumbouya qu’il respecte ses engagements de quitter le pouvoir, tout en réclamant bruyamment un gouvernement d’union nationale. Par ailleurs, le président du CNT est également descendu en flammes par le sieur Milimouno qui traite l’avant-projet de Constitution de « papier de Dansa »…
Qu’est-ce qui a bien pu se passer entre-temps ? Serait-ce le fait que la Primature ait échappé à ses aspirations personnelles pour tomber dans les bras de Bah Oury, un autre converti ? Ainsi va la politique sous nos tropiques, théâtre infini de volte-face, où l’art du retournement de veste atteint des sommets.
Hier, Faya Millimouno chantait les louanges du CNRD dirigé par un Colonel Doumbouya. Aujourd’hui, le voilà qui fronce les sourcils face au CNRD d’un Général Doumbouya. Peut-être estime-t-il que la montée en grade du chef de la transition impose, de son côté, une montée en opposition. Et à l’approche de la date fatidique du 31 décembre 2024, censée marquer la fin de la transition, il semble vouloir se positionner comme l’homme de la rupture. Qui est fou, palsambleu !
Dans ce jeu politique mouvant, nous attendons avec impatience les avis — ou volte-face — d’autres figures connues pour leur « pragmatisme » déconcertant, comme Lansana Kouyaté du PEDEN ou Ousmane Kaba du PADES. Et que dire de Bah Oury, ancien socialiste converti au libéralisme, qui semble aujourd’hui bien à son aise dans les confortables coussins de la Primature ? Lui, milite désormais ouvertement pour une prolongation de la transition, apparemment convaincu que le temps, tout comme l’argent, est un allié à ne pas négliger.
Dans un tel cirque, Alpha Blondy aurait-il raison en disant que « seuls les imbéciles ne changent pas » ? Certes, mais cette maxime s’applique-t-elle vraiment à des partis comme l’UFDG, le RPG/Arc-en-Ciel, ou dans une moindre mesure l’UFR, qui, eux, s’accrochent fermement à leurs convictions radicales, qu’elles soient stratégiques ou de façade ?
Au fond, quelle que soit la posture adoptée — soutien enthousiaste, opposition soudaine ou neutralité hypocrite —, la finalité reste identique : le pouvoir et tout ce qui l’accompagne. Et parmi ces attributs, l’argent, bien sûr, brille toujours en tête de liste.
Abdoulaye Sankara, journaliste