OGP : la sacralité des ressources publiques à l’épreuve des fêtes de nomination !
Mais, qu’y a-t-il finalement avec le poste de directeur général adjoint de l’Office guinéen de publicité (OGP) ?
D’abord, un directeur adjoint nommé intérimaire, en l’absence du directeur général limogé pour faute lourde, qui s’empresse de remercier Dieu, les mânes des ancêtres et le chef de l’État, croyant à une promotion, avant d’être à son tour débarqué.
Ensuite, un nouveau directeur général adjoint (photos) est nommé pour remplacer cet intérimaire jubilant. Lui aussi, fidèle à la tradition des remerciements, n’a pas manqué de saluer le chef de l’État et Jésus-Christ, de pardonner et de demander pardon à tous ceux qui lui ont causé du tort ou qu’il aurait pu offenser, volontairement ou non (Macka Traoré appréciera). Il a même eu droit à une haie d’honneur improvisée par les agents de sécurité de l’hôtel Noom pour « célébrer sa nomination », tandis que des félicitations jaillissaient de partout, de Fria à Boké, portées par les soutiens du CNRD et du Général Mamadi Doumbouya. On n’oubliera pas de rappeler qu’il se revendique « fervent défenseur de la refondation » menée par ce dernier, notamment sur les réseaux sociaux.
Mais une question persiste : pourquoi toute cette ferveur, cette joie incommensurable pour un poste de directeur général adjoint de l’OGP ? Une joie qui semble surpasser celle de devenir ministre ou même directeur général. Ce contraste est frappant, surtout en comparaison avec le nouveau directeur général de l’OGP lui-même, qui, tout en remerciant sobrement ses bienfaiteurs, a eu la lucidité de rappeler qu’il ne méritera des félicitations qu’après avoir obtenu des résultats concrets dans la gestion de cet organisme stratégique. Un rare exemple de retenue et de conscience des enjeux.
« L’argent n’aime pas le bruit », dit-on. Et à l’OGP, il y a énormément d’argent. Cette manne financière pourrait bien expliquer ces effusions, même pour un poste adjoint. Cependant, rappelons que cet argent n’est pas une propriété personnelle ; il appartient à l’État et contribue au financement des salaires des fonctionnaires, à l’agrément du Budget national de développement (BND), ainsi qu’au soutien des secteurs prioritaires tels que la santé, l’éducation et les infrastructures. Les directeurs eux sont rémunérés comme tout les fonctionnaires de l’État, avec à la limite des primes spécifiées pour les entreprises étatiques pourvoyeuses de recettes.
Il faudrait donc que ceux qui se livrent à des célébrations ostentatoires et se laissent porter par les flatteries des courtisans sachent qu’ils ont attiré désormais sur eux les regards de toute une nation et de toutes les inspections des finances. Leur gestion passée (dont l’ancienne équipe, incluant l’ex-DGA qui reste comptable) et future sera scrutée.
Les ressources publiques sont sacrées. Leur gestion n’est pas un privilège, mais une responsabilité morale et institutionnelle. Toute déviation ou gabegie dans leur administration constitue un sacrilège, car cela revient à priver la population de services prioritaires et à compromettre les ambitions d’un État juste et prospère. Le poste, si convoité soit-il, doit rester un vecteur d’engagement au service de la collectivité et non un tremplin pour satisfaire des ambitions personnelles ou alimenter des pratiques douteuses.
Abdoulaye Sankara, journaliste