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Récusation du juge Yagouba Conté : un procureur en quête de vérité ou de vengeance ?

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Après la récusation du juge Yagouba Conté par le fameux procureur spécial de la CRIEF, Aly Touré, les avocats de l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana s’opposent fermement à la comparution de leur client malade, pour qui une évacuation sanitaire avait déjà été ordonnée :
« Comment un juge peut-il ordonner une évacuation sanitaire pour notre client et, dans le même temps, être récusé pour ordonner sa comparution devant la chambre du jugement ? Cela, alors même qu’une demande d’interprétation sur l’ordonnance d’évacuation avait été déposée. C’est la justice elle-même qui se ridiculise ! Mais comme on ne veut pas lâcher le morceau, vive le bras de fer. Cette nouvelle composition, à l’exception du juge remplacé, connaît parfaitement l’état de santé du Dr Kassory Fofana. L’assesseur Keïta et le président Conté ont tous deux été à son chevet à la Clinique Pasteur et sont conscients de la gravité de sa condition. Si ces mêmes juges insistent malgré tout, c’est pour le condamner et le rejoindre aux autres détenus, dans l’espoir de les gracier plus tard. Mais cela ne marchera pas. Nous ne cherchons pas la gratitude, nous voulons la vérité », a vivement réagi Maître Sidiki Bérété, l’un des avocats de l’accusé.
Cette affaire, marquée par des péripéties incessantes, commence à ternir sérieusement l’image de la justice à travers les différents agissements maladroits de ce tristement célèbre procureur spécial. Ses réactions, souvent dénuées d’humanisme, jettent le discrédit sur tout le système judiciaire. Cherche-t-il à transformer le cas Kassory Fofana en un remake de l’affaire Loucény Camara, cet ancien ministre décédé faute de soins adéquats sous la détention de la même CRIEF ? Huit rapports médicaux, rédigés par des médecins assermentés, attestant de la maladie de Kassory Fofana pourraient-ils tous être faux et pris à la légère ?! Les ignorer reviendrait à nier des évidences médicales incontestables.
Si ce procureur spécial croit, par son zèle, servir le CNRD, il se trompe lourdement. Bien au contraire, il s’écarte du slogan du CNRD de faire de la justice la boussole de sa gouvernance. Trop, c’est trop, en effet ! L’omniprésence et l’excès de zèle de ce procureur finiront un jour par nuire à l’image des membres du CNRD. Ces derniers n’ont pas fait tant de sacrifices pour qu’un petit procureur en quête de notoriété vienne tout gâcher. Il est temps d’y remédier, pour une justice plus juste et une gouvernance véritablement orientée vers l’équité et la vérité.

Abdoulaye Sankara, journaliste