Oh vous, journalistes, qui avez choisi d’accepter les décrets du président Mamadi Doumbouya, dites-nous , quelles valeurs défendez-vous désormais ?
Avant, étiez-vous ces journalistes porteurs d’un souffle démocratique ?
Ces voix qui se dressaient pour défendre les libertés fondamentales ?
Ces professionnels qui s’opposaient aux restrictions arbitraires et aux fermetures injustifiées des médias ?
Où est passée cette flamme qui vous animait lorsque vous dénonciez la répression sanglante des manifestations politiques ?
Où sont vos idéaux lorsque des citoyens, des leaders de la société civile, sont enlevés dans un silence étourdissant ?
Étiez-vous vraiment contre l’injustice ou n’était-ce qu’une posture, un rôle que vous jouiez avant que l’appât du pouvoir ne vous réduise au silence ?
Si vous aviez été en harmonie avec ces valeurs, si vous aviez été des journalistes de convictions jamais vous n’auriez pu accepter, encore moins soutenir, un décret émanant de celui qui mène une guerre ouverte contre la liberté de la presse.
Ce même homme qui, par ses actes, emprunte chaque jour un peu plus le chemin de la dictature. Un homme qui kidnappe vos confrères journalistes, vos frères de plume, dont certains restent introuvables.
Un journaliste digne de ce nom, un homme ou une femme de conviction, ne peut s’associer à celui qui opprime, qui bâillonne, qui prive un peuple de sa voix. Le journalisme est un acte de résistance, pas de soumission.
Et pourtant, je dois reconnaître une chose à Mamadi Doumbouya , il a su nous révéler. Sous son régime, chacun a montré son vrai visage.
La peur ou l’ambition ont pris le dessus chez certains ; l’indignation et le courage chez d’autres.
Grâce à lui, nous savons désormais qui, en Guinée, se bat pour la vérité et qui s’en détourne.
Félicitations à chacun de vous/
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation
Très très indépendant