Alors que la Guinée traverse une nouvelle phase d’incertitude politique, un phénomène bien connu du paysage national refait surface : la prolifération des partis politiques fantômes et des mouvements de soutien opportunistes. Comme à chaque tournant décisif de notre histoire, ces structures sans véritable ancrage idéologique affûtent leur stratégie, prêtes à offrir leur allégeance au candidat encore officieux du CNRD.
Tel un essaim d’abeilles au printemps, ces groupes virevoltent d’un camp à l’autre, attirés non par des convictions profondes, mais par les promesses les plus enivrantes et les opportunités les plus lucratives. Leur objectif ? Se positionner aux premières loges du pouvoir, quelle que soit la direction du vent. Cette dynamique, bien ancrée dans la culture politique guinéenne, pose une question essentielle : comment bâtir une gouvernance stable et légitime lorsque ceux qui prétendent représenter le peuple ne poursuivent que leurs propres intérêts ?
Une répétition de l’histoire
Depuis l’indépendance, la Guinée a connu une succession de régimes où les élites politiques ont souvent privilégié leur ascension personnelle au détriment du bien commun. De la période révolutionnaire aux transitions militaires, en passant par les promesses de démocratisation, l’histoire semble se répéter inlassablement : dès qu’un nouvel ordre politique émerge, une myriade d’acteurs se réinvente, abandonnant leurs anciens discours pour mieux se fondre dans le moule du pouvoir en place.
Aujourd’hui, alors que le CNRD poursuit sa transition, la scène politique est envahie par ces mêmes figures caméléonesques. Sans vision à long terme, sans projet structurant pour le pays, ils excellent dans l’art de l’adaptation, prêts à sacrifier principes et intégrité pour une place à la table du pouvoir.
Les conséquences d’une politique sans valeurs
Cette instabilité idéologique a un coût : elle empêche l’émergence d’un leadership fondé sur des principes solides et une véritable vision de développement. En l’absence de partis politiques forts et cohérents, capables de proposer des solutions durables aux défis du pays, la Guinée reste enfermée dans un cycle où chaque transition politique est perçue non comme une opportunité de progrès, mais comme un simple changement de visages au sommet.
Pire encore, cette dynamique nourrit le scepticisme du peuple face à la politique. Comment espérer un véritable engagement citoyen lorsque ceux qui devraient incarner l’alternance ne font que perpétuer les mêmes pratiques ?
Vers une nouvelle culture politique ?
Si la Guinée veut rompre avec cette logique, il est impératif de repenser la culture politique nationale. Il est temps que les acteurs politiques comprennent que la légitimité ne s’achète pas à coups d’alliances de circonstance, mais se construit par un engagement sincère envers les aspirations du peuple.
La jeunesse, en particulier, doit refuser de suivre les traces de cette génération d’opportunistes et exiger une nouvelle manière de faire de la politique : une politique fondée sur des valeurs, une vision claire et une volonté réelle de servir le pays plutôt que de se servir soi-même.
Le changement ne viendra pas de ceux qui surfent sur les vagues du pouvoir, mais de ceux qui, avec courage et intégrité, choisiront de bâtir une Guinée où la politique ne sera plus un jeu d’intérêts, mais un véritable levier de transformation nationale.
A bon entendeur salut ! D’ici-là, merci de contribuer au débat.
Elhadj Aziz Bah
Caroline du Nord, USA
