Que reproche-t-on à Mohamed Doussou Traoré, ancien Directeur Général du Patrimoine Bâti Public ? Limogé au lendemain de sa fuite dans des circonstances non encore élucidées, la famille de l’ancien patron du Patrimoine Bâti traverse une période extrêmement difficile. À Conakry, sa résidence privée a été investie par des éléments du groupement des forces spéciales, qui ont violemment expulsé sa famille, leur infligeant des tortures physiques et morales. Sans réquisition ni mandat, ces militaires du groupement des forces spéciales ont fermé ses maisons privées, dont la construction est antérieure à sa nomination à la tête du Patrimoine Pâti.
Pire encore, ce dimanche, un autre groupe militaire lourdement armé a fait irruption chez lui à Kankan. Son père, malgré son âge avancé et son état de santé fragile, a été expulsé de la maison de force avant que les lieux ne soient scellés.
Visiblement, ni la loi ni la morale ne semblent plus régir la transition du CNRD. Alors que la responsabilité pénale est individuelle, on peut légitimement s’interroger sur le bien-fondé de cette chasse à l’homme visant la famille de Mohamed Doussou Traoré, à Conakry et à Kankan.
Par ailleurs, les faits de détournement et de mauvaise gestion qui lui sont reprochés ne sont pour l’heure que des allégations.
Selon plusieurs indiscrétions, les raisons de la fuite de l’ancien DG du Patrimoine Bâti et de son limogeage seraient bien différentes de ce qui est rapporté dans la presse et dans les réseaux sociaux.
« Ce n’est ni à cause de sa gestion, encore moins d’un quelconque détournement de deniers publics », confie une source proche du Patrimoine Bâti.
Notre contact précise que le Patrimoine Bâti Public est un organisme public rattaché à la Présidence de la République, et dont les ressources proviennent essentiellement des recettes locatives des bâtiments publics.
« L’une des principales sources de revenus est la cité chemin de fer, hors d’usage depuis l’explosion du dépôt des hydrocarbures. Les loyers des logements de l’État varient entre 100 000 et 150 000 francs guinéens, et les locations les plus onéreuses ne dépassent pas 600 000 francs guinéens. Dès lors, on peut se demander où notre ancien directeur aurait pu trouver plus de 200 milliards à détourner ? », s’interroge notre source.
Selon d’autres informations émanant du CNT, le Patrimoine Bâti serait confronté à d’importantes difficultés financières pour satisfaire ses besoins et mettre en œuvre ses politiques. Une enquête parlementaire du CNT aurait d’ailleurs rendu un rapport faisant état de cette situation.
D’où viennent alors les chiffres de 267 milliards attribués à Mohamed Doussou Traoré, alors qu’il n’y a pour l’heure aucune enquête, aucun audit ni aucun rapport d’inspection sur sa gestion ? Pourquoi des militaires continuent-ils de menacer sa famille au point de la déloger et de fermer ses domiciles privés ? Les autorités de la transition se doivent de répondre à ces questions légitimes, à défaut d’ordonner l’arrêt de cette chasse à l’homme contre des citoyens paisibles qui n’ont aucun lien contractuel avec l’État et qui ne font l’objet d’aucune poursuite judiciaire.
Aux dernières nouvelles, selon un article de nos confrères de mosaiqueguinee.com, un mandat d’arrêt international est émis par la justice contre Mohamed Doussou Traoré, pour détournement présumé de 30 milliards de francs guinéens. Le même article precise que ce montant devrait servir à la contruction d’un édifice d’intérêt public.
Sur ces éléments, il y a lieu de se poser un certains nombre de questions, à savoir quel est cet « édifice d’intérêt public » que Mohamed Doussou Traoré était chargé de construire, et pour le compte de quel service ou département ? Les 30 milliards dont on parle proviennent de qui ou de quelle ligne d’investissement dans le budget national ? Le Patrimoine Bâti est-il une entreprise de construction ? Depuis quand cet organisme public relevant de la Présidence, chargé de conserver et gérer le parc immobiliers de l’Etat, a changé de rôle pour être dans la construction ?
Sur la foi des éléments que nous sommes en train de recueillir auprès des sources dignes de foi du côté de la Présidence de la République, la vraie réalité de cette histoire n’est pas encore révélée au grand public. Les non-dits de cette affaire risquent d’eclabousser le sommet de l’Etat Guinéen et montrer à quel point les ressources publiques du pays sont en train d’être dilapidées pour servir à des intérêts personnels d’un clan mafieux qui semblent avoir pris le contrôle sur l’Etat Guinéen.
Nous y reviendrons très prochainement pour plus de détails avec des précisions à couper le souffle.
In mosaïqueguinee