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À l’envers…
Je suis indifférent à la mise en liberté de M. Mohamed Touré, et ce, malgré les griefs que j’ai contre son père, qui avait endeuillé trop de familles guinéennes. Nul ne peut être tenu responsable du péché d’autrui à moins qu’il n’en soit complice.
Ceci dit, il est important de dépassionner cette histoire et de revenir sur les faits qui ont conduit à sa condamnation et à son emprisonnement, afin d’en tirer des leçons. M. Touré et son épouse avaient été jugés et condamnés par un tribunal du Texas pour une pratique malheureusement assez courante en Guinée : l’exploitation de l’enfant d’autrui. Voir le lien en bas.
En effet, Mohamed Touré et son épouse ont été accusés jugés et condamnés en 2019 par la justice américaine pour avoir pris la fille de quelqu’un d’autre, une jeune fille guinéenne innocente, pour la ramener chez eux et la réduire en esclave domestique pendant seize longues années. Pendant que leurs propres enfants vont à l’école, ils privent cette jeune fille de toute éducation. Lui et sa femme «ont fait travailler la fille comme une bonne et pire. Comme si cela ne suffisait pas, ils lui infligeaient des sévices corporels, ils l’ont humilié en rasant sa tête et ils l’ont contraint même à dormir seule dans un parc comme punition. Ils sont allés jusqu’à la laver dehors à l’aide d’un tuyau d’arrosage, comme si elle était un animal. Ils l’ont isolée du monde en l’empêchant de voir sa famille ou même de recevoir de la visite.»
Mais la justice américaine a fini par les rattraper. Aux États-Unis, où les droits des enfants et l’exploitation humaine ne sont pas banalisés, M. Touré et son épouse ont été jugés et condamnés à sept ans de prison chacun. On leur a retiré leurs Green Cards, et une fois leur peine purgée, ils devraient être expulsés avec interdiction de remettre les pieds sur le sol américain.
Aujourd’hui, après avoir purgé une grande partie de leur peine car ayant bénéficié d’une remise, ils ont été libérés. Le gouvernement guinéen ainsi que certains citoyens partisans ou mal informés, les accueillent en héros. Ils les célèbrent comme si ils avaient été des victimes d’une injustice. Personne ne s’interroge sur le sort de la jeune fille qu’ils auraient brisée. Où est-elle aujourd’hui ? Comment se reconstruit-elle après tant d’années d’abus et de souffrances ?
Cette affaire aurait dû servir d’occasion pour sensibiliser et dénoncer cette pratique honteuse et trop répandue dans notre société. Cette pratique qui consiste à prendre les enfants issus de familles pauvres ou de villages reculés pour les emmener dans les villes et les réduire à l’état de domestiques corvéables à merci. Ces jeunes filles et garçons sont souvent exploités, privés d’éducation et soumis à toutes sortes de maltraitances : travail forcé, sévices corporels, privation de nourriture, humiliations… Tout cela sous le silence complice d’une société qui a fini par banaliser cette pratique injuste.
Plutôt que de glorifier des coupables, nous devrions nous indigner et dénoncer cette pratique abominable. On ne devrait pas les fermer sur une telle pratique. Une société qui ferme les yeux sur l’exploitation et la maltraitance des enfants et des personnes les plus vulnérables est une société qui a perdu son humanité.
A J Barry
Les accusations contre Mohamed Touré et son épouse sont disponibles sur le site web du ministère de la justice des USA: https://www.justice.gov/…/texas-couple-each-sentenced…
Abdoulaye Barry