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Guinée : ces bayas qui violent des interdits et attirent les hommes

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Autrefois entourés de mystère et intimement liés aux rites de passage féminins, les Bayas sont aujourd’hui devenus un accessoire de mode incontournable pour les jeunes femmes. Avec l’évolution de l’industrie et l’influence des réseaux sociaux, ces perles ornent désormais fièrement les hanches des jeunes filles. Ça en rajoute à leur charme et leur donne une allure de déesses de la beauté africaine. Il apparait ainsi une nouvelle identité esthétique et sensuelle de la femme noire. Attirées par la tendance, la séduction et l’envie d’être remarquées, les jeunes filles et femmes font des Bayas un symbole de leur affirmation personnelle, un symbole de séduction.
Mais ce phénomène à la mode ne fait pas l’unanimité. Si certaines les adoptent pour sublimer leur style vestimentaire ou séduire, d’autres les perçoivent comme une dérive par rapport à leur fonction traditionnelle. Entre mode, séduction et culture, les avis sont partagés.
Les Bayas ne sont plus seulement réservés à l’intimité. Ils s’imposent aujourd’hui comme un véritable accessoire de mode, parfois portés de manière ostentatoire. Ces jeunes dames expliquent cet engouement à travers plusieurs raisons. Certaines les portent à la recherche d’un style unique, le désir d’attirer les regards. D’autres y voient un véritable outil de séduction.
Marie Kalapili, étudiante en Faculté de Droit, assume pleinement cette transformation.
« Le Baya a plusieurs significations selon les cultures. Personnellement, j’adore ceux qui brillent dans l’ombre, ils mettent en valeur ma silhouette et complètent parfaitement mon style vestimentaire. Quand je porte un t-shirt court avec un pantalon boyfriend, mes perles ajoutent une touche chic à mon look. Et sur TikTok, ça fait toujours son effet lorsque je fais mes challenges» a-t-elle affirmé.
Même enthousiasme chez Agnès Christabelle Loua, qui ne cache pas son amour pour cette tendance :
« Ma mère n’apprécie pas que je porte mes Bayas au-dessus de mes vêtements, mais je le fais quand même. C’est un vrai plaisir de les exhiber lors de nos sorties entre copines. Ça me donne confiance en moi et ça sublime mon style. », a-t-elle confié.
Si les Bayas sont devenus un phénomène de mode, leur fonction première (la séduction )reste intacte. Certaines jeunes femmes ne les portent que dans des moments intimes, pour charmer leur partenaire.
Fatoumata Cissé, étudiante en marketing et gestion, explique : « Je ne les supporte pas en permanence, alors je les mets uniquement pour des occasions spéciales. Mon partenaire adore ça, il m’en achète souvent, en plus de ceux que ma mère m’envoie du Sénégal. Pour moi, c’est un plaisir de les porter pour lui. », a-t-elle admis.
Aïssetou Kaba, étudiante en communication, partage cet avis mais s’oppose à leur exposition publique : « Les femmes mariées portent les Bayas pour séduire leurs maris, et nous, les célibataires, pour nos copains. J’aime particulièrement les perles traditionnelles, celles qui dégagent un parfum envoûtant et renforcent le plaisir. Mais je ne peux pas les exposer sur internet, c’est trop intime », a-t-elle déclaré.
Aissata Camara, vendeuse de perles, confirme que la séduction reste un facteur clé : « La plupart des femmes qui achètent des Bayas veulent se faire plaisir et plaire à leur partenaire. Certains hommes en achètent même pour leurs copines. Je personnalise les perles selon les désirs des clientes, en ajoutant parfois des petits mots ou en choisissant des couleurs spécifique. J’aime bien c’est trop jolie, elle raffine les reins. Elle permet également de bien tracer les courbes », a-t-elle expliqué.
Pour d’autres, les Bayas restent avant tout un élément culturel et une tradition transmise de génération en génération.
Traoré Ciré Kandia, étudiante en informatique gestion, avoue porter les perles sans vraiment en connaître la signification : « Chez nous, nos mamans disent qu’une fille ne doit jamais se laver sans avoir quelque chose autour de la hanche. C’est une coutume familiale, donc on suit simplement la tradition », a-t-elle expliqué.
Kourouma Aïssata, étudiante en génie informatique, refuse catégoriquement d’en faire un accessoire de mode : « Normalement, une fille célibataire ne devrait pas porter de Bayas. Dans notre culture, ces perles sont destinées aux femmes mariées. Nos mamans les parfument et récitent des sourates avant de les inclure dans le trousseau de mariage. Leur fonction première est de renforcer le lien entre l’épouse et son mari. Aujourd’hui, leur banalisation est une déviance de la culture africaine », a-t-elle dénoncé.
Bien que populaires, les Bayas ne séduisent pas tout le monde. Certaines jeunes femmes les trouvent inconfortables ou incompatibles avec leur mode de vie.
Ramatoulaye Baillo Baldé, étudiante à l’ISFAD, les juge peu pratiques : « Je suis très active dans le sport, et ces perles me gênent. En plus, si je tombe en les portant, je peux me blesser. Je préfère m’en passer. », a-t-elle avoué.
Aïcha Maclick Camara, étudiante en communication, s’inquiète davantage du regard des autres : « Je porte souvent des robes moulantes, et les Bayas se verraient à travers mes vêtements. Ce n’est ni joli, ni approprié. Je préfère éviter les critiques et ne pas en porter du tout ».
Lamine Camara, sociologue, analyse l’impact de cette évolution sur la perception du Baya et ses conséquences sur les jeunes générations :
« À l’origine, le Baya était un élément clé de la socialisation dans les sociétés africaines. Il était un instrument de séduction, de protection et d’embellissement du corps de la femme. Mais son usage était strictement encadré , seul le fiancé légitime pouvait voir ou toucher les perles de sa fiancée. C’était un mystère entouré de pudeur», a-t-il expliqué.
Il révèle que la commercialisation et l’exposition publique des Bayas ont changé la donne : « Aujourd’hui, avec leur banalisation, les jeunes filles en possèdent plusieurs, les exhibent sur les réseaux sociaux et les associent à leurs tenues. Ce phénomène a brisé le mystère qui entourait autrefois la féminité. Dans les couples, cette sur-exposition peut même diminuer le désir. Quand l’homme est trop habitué à voir un corps dévoilé, l’attirance s’émousse avec le temps. Nos ancêtres avaient compris cela, c’est pourquoi ils encourageaient la discrétion et la pudeur », a-t-il analysé.
Face à cette évolution, le sociologue invite à une réflexion.
« La modernisation des Bayas n’est pas un problème en soi, mais il est important que les parents sensibilisent leurs filles sur l’héritage culturel de ces perles et sur leur symbolique initiale », a-t-il conclu ce chargé de cours et Doyen de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines.
Les abonnées absentes à ce phénomène tendance et mode, ce sont les grosses filles et femmes aux ventres rebondis et aux postérieurs exagérés. Pour elles, les bayas n’ont pas droit de cité. Elle laissent cette tendance aux « disquettes » aux allures fines et droites avec des fesses un peu rebondies.
In couleurguinee