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En Ukraine, si le président Zelensky fait face à des critiques en ce qui concerne la politique interne, la population et la classe politique – y compris l’opposition – font bloc derrière leur président et défendent sa position après les entretiens violents à la Maison Blanche du vendredi 28 février. Au contraire, à Moscou, on estime que la visite du président ukrainien à Washington a été un « échec complet ».
Pour la député d’opposition Inna Sovsun, membre du Parlement ukrainien pour le parti Holos, « nous devons clairement trouver des alliés plus forts en Europe, au Canada, en Norvège, au Royaume-Uni, en Australie, au Japon, tous ces pays qui ont soutenu l’Ukraine, autant que les États-Unis. »
« D’autres soutiens »
« Je pense, dit-elle encore, qu’il est important que nous continuions à leur parler pour qu’ils ne se contentent pas de leur exprimer leur inquiétude et leur soutien, mais aussi qu’ils nous fournissent des armes. Je pense qu’il nous faut trouver d’autres soutiens, aux côtés de l’Ukraine, pour parler aux Américains. »
« En aucun cas nous ne devons accepter l’appel à la démission du président, et je dis cela en tant que député de l’opposition : c’est un président légitime, il est dans son bon droit et il représente le pays. Aucun autre pays ne devrait venir dire aux Ukrainiens qui devrait être leur président, cela remet en cause l’idée même de démocratie, où les citoyens du pays élisent leurs propres dirigeants », conclut Inna Sovsun.
Hier, vendredi 28 février au soir, toute l’Ukraine était suspendue à cet échange et la sensation d’effroi était grande lors de cet échange entre le président ukrainien et le « couple » Trump – Vance. Du côté du gouvernement, le Premier ministre Denys Chmyhal a tout de suite affiché son soutien à Volodymyr Zelensky en affirmant qu’il avait raison et qu’une paix sans garanties était impossible.
Colère et effroi
Au sein de la population, c’est surtout la colère qui prime après le manque de respect total affiché envers l’Ukraine via le traitement de Zelensky par la Maison Blanche. Cette séquence diplomatique inédite est comme une claque au visage de millions d’Ukrainiens qui se battent depuis, non pas trois, mais onze ans pour leur survie dans cette guerre d’agression initiée par la Russie. Pour ne citer qu’une réaction, l’ancien prisonnier de guerre, Max Kolesnikov, qui après neuf mois de captivité se demande si Trump et Vance aurait parlé de la sorte à Vladimir Poutine. Ici, en Ukraine, depuis hier soir il y a une conscience très accrue que ce ne sera probablement pas le cas.
Après le choc de la Maison Blanche, les déclarations de Volodymyr Zelensky sur Fox News
Accusé de ne pas vouloir la paix en Ukraine, le président ukrainien a dû écourter sa visite à la Maison Blanche mais il a tenu à honorer le rendez-vous qu’il avait donné à la chaîne conservatrice Fox News. Interview d’une vingtaine de minutes pendant laquelle il a martelé que son pays était avant tout à la recherche d’un compromis durable et juste.
À plusieurs reprises, le présentateur de Fox News lui demande s’il a l’intention de s’excuser auprès de Donald Trump. « Entre alliés, il vaut mieux avoir des conversations franches et directes, mais je ne crois pas que nous ayons commis un faux-pas », rétorque Volodymyr Zelenksy. « Ce genre d’échanges, continue le président ukrainien, n’est bon pour personne. Mais je ne peux pas revenir sur le positionnement de l’Ukraine face à la Russie. Pour nous ce sont des tueurs ; ça ne signifie pas qu’on ne veut pas de la paix. Nous voulons seulement que la réalité soit prise en compte. »
Les remerciements, la reconnaissance que réclame la Maison Blanche ? Volodymyr Zelensky ne se fait pas prier: « Merci à Donald Trump, au peuple américain, au Congrès, vous nous avez aidé à survivre dit-il. Mais si l’Amérique a un plan pour arrêter Poutine, il faut qu’on puisse en parler en privé. » Pour le chef de l’Etat ukrainien, « Il y a peut-être des éléments que j’ignore, ça ne fait pas partie du débat public aujourd’hui mais il faut que nous puissions les partager. C’est tellement délicat pour nous. Un cessez-le-feu sans garanties de sécurité, c’est un sujet très délicat pour notre peuple. Je vous parle en tant que président d’un pays qui vit la guerre depuis trois ans et qui a besoin d’entendre que les Etats-Unis sont de notre côté, pas du côté des russes, de notre côté. »
In Rfi