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Ah, la Guinée ! Ce pays où les politiciens ont la souplesse d’un contorsionniste chinois et l’éthique d’un charognard en plein festin. Ici, la politique n’est pas une vocation, c’est une discipline olympique : saut périlleux arrière pour renier ses convictions, sprint vers les postes ministériels, et bien sûr, marathon de la compromission, sprint vers les privilèges… et course d’endurance pour s’accrocher au pouvoir jusqu’à la dernière goutte de confiance ! Nos politiciens, véritables athlètes de la trahison.
Hier, ils dénonçaient avec ferveur la corruption, l’injustice, les abus d’un système qu’ils juraient combattre. Aujourd’hui, les voilà en pleine conversion religieuse : adoration soudaine du régime, prières quotidiennes devant les porteurs de mallettes, et génuflexions rituelles pour décrocher un strapontin doré. L’intégrité ? Jetée aux oubliettes. La dignité ? Dissoute dans les eaux troubles des marchés publics et des nominations arbitraires.
Et quel festin ! Un banquet où le peuple est réduit au rôle de spectateur affamé, regardant ces messieurs-dames se goinfrer sans la moindre gêne. Ah, ils en ont fait du chemin, ces anciens « opposants farouches » ! Hier, ils fustigeaient le pouvoir en place avec des discours enflammés, jurant sur la tombe de la démocratie qu’ils ne trahiraient jamais leurs principes. Aujourd’hui, ils se bousculent aux portillons du palais, la langue pendante.
Caméléons politiques et acrobates de la trahison
Leur spécialité ? L’éclair de la métamorphose. Un jour, fervents défenseurs de la justice, le lendemain, complices silencieux des mêmes abus qu’ils dénonçaient hier. Ils changent de couleur plus vite qu’un feu tricolore en panne. Un poste, une nomination, un petit avantage, et hop ! Les convictions s’évaporent, remplacées par une fidélité soudaine au régime en place. La politique ? Un marché aux enchères où les principes se vendent au plus offrant.
Le peuple ? Un simple tremplin
Nos honorables dirigeants n’ont qu’un seul objectif : grimper, grimper, toujours plus haut… sur le dos des citoyens. Les jeunes fuient le pays ? Qu’importe, tant que leurs enfants sont bien installés dans des écoles étrangères hors de prix. Les hôpitaux manquent de tout ? Pas de problème, leurs soins sont pris en charge dans des cliniques suisses. Les caisses de l’État sont vides ? Rien d’étonnant, elles ont servi à financer leurs villas sous les tropiques.
Pendant ce temps, le peuple assiste, impuissant, à cette mascarade sans fin. Mais qu’il ne perde pas espoir ! Car dans ce grand cirque, il reste un numéro qui ne déçoit jamais : celui de la trahison. Nos politiques trouveront toujours une nouvelle manière d’entuber ceux qui leur ont fait confiance. Et nous, pauvres spectateurs de cette farce tragique, n’avons plus qu’à applaudir.
L’élection : la foire aux illusions
Ah, ces campagnes électorales ! Un festival de promesses aussi creuses que les caisses de l’État. « Nous luttons pour le peuple ! » qu’ils disaient. Mais une fois élus, c’est plutôt le peuple qui lutte… pour survivre pendant qu’eux nagent dans le luxe. Les grandes réformes ? Reportées à une date ultérieure. La justice sociale ? Un concept abstrait, bon pour les discours mielleux.
Patriotisme de façade et pillage en coulisses.
Ces patriotes autoproclamés ont un amour bien particulier pour leur pays : ils l’aiment comme un vautour aime une carcasse. Leur fidélité n’a qu’un seul maître : leur compte en banque. Pendant que la jeunesse guinéenne cherche un avenir ailleurs, eux s’accrochent aux institutions comme des moules à leur rocher. Le service public ? Un service libre. La misère du peuple ? Une opportunité pour réclamer encore plus de fonds.
Et le peuple dans tout ça ? Il regarde, impuissant, ce cirque où les rôles ne changent jamais : eux, les marionnettistes, nous, les dindons de la farce. Mais après tout, tant qu’il y aura des places à prendre, des enveloppes à empocher et des naïfs à duper… le spectacle continue, inlassablement, comme une mauvaise pièce de théâtre dont personne ne veut, mais qui reste à l’affiche faute de mieux. Les mêmes têtes, les mêmes combines, les mêmes discours creux débités avec l’aplomb des escrocs professionnels.
Et nous, spectateurs malgré nous, oscillons
Tant qu’il y aura des votes à acheter, des consciences à vendre et des idiots pour croire aux promesses, la grande foire politique se poursuit. Mais qui sait ? Peut-être qu’un jour, le peuple, lassé d’être pris pour un imbécile, décidera de renverser la table. Et ce jour-là, nos acrobates du pouvoir pourraient bien tomber… de leur trapèze doré, s’écrasant lourdement sur le sol de la réalité qu’ils ont si longtemps méprisée. Plus de parachute doré, plus de filet de corruption pour amortir la chute, juste le choc brutal du retour à la vraie vie, celle qu’ils ont toujours refusé de voir : la misère qu’ils ont entretenue, le désespoir qu’ils ont cultivé, la colère qu’ils ont ignorée.
Mais d’ici là, le cirque continue. Les saltimbanques de la politique peaufinent leurs numéros, les illusionnistes du discours affûtent leurs promesses bidon, et les équilibristes du compromis jonglent habilement entre trahison et opportunisme. Pendant ce temps, en bas, le peuple regarde, encaisse et attend… Car un jour, peut-être, le spectacle prendra fin, et ce ne seront plus les applaudissements qui résonneront, mais le bruit sourd d’un réveil brutal.
Oumar Kateb Yacine
Analyste-Consultant Géopolitique
Contact : bahoumaryacine777@gmail.com