
Persister à s’en prendre uniquement au thermomètre ne fera pas baisser la fièvre ; pire encore, c’est elle qui finira par emporter le malade. De même, refuser d’affronter les causes profondes des divergences entre le CNRD et les Forces vives, pourtant une condition sine qua non pour avancer vers des élections apaisées, ne mène qu’à une impasse.
Le Premier ministre Amadou Oury Bah a récemment réitéré l’appel à une concertation politique franche et inclusive. Mais tant que chaque camp restera figé dans ses certitudes, campant sur ses exigences sans la moindre volonté d’apaisement ou de concessions, le dialogue restera un mirage et la crise continuera de s’enliser. L’histoire enseigne pourtant que ce n’est jamais dans l’intransigeance que naissent les solutions durables, mais dans la lucidité d’un compromis et la sagesse du consensus.
Cette transition devrait être l’occasion de bâtir une Guinée nouvelle, débarrassée des tares du passé. Mais encore faut-il que ceux qui prétendent écrire cette nouvelle page en aient réellement la volonté et l’engagement. Malheureusement, l’égoïsme et les calculs personnels continuent de primer sur l’intérêt collectif. Or, l’histoire ne s’arrête pour personne. Il viendra un moment où, lassé des blocages et des manœuvres, le peuple, dans un sursaut collectif, décidera de balayer ceux qui freinent son avancée. Ceux qui s’acharnent à se placer du mauvais côté de l’histoire en porteront seuls la responsabilité.
Abdoulaye Sankara, journaliste