
L’opposition guinéenne est à un moment charnière de son histoire, confrontée à des défis sans précédent dans un paysage politique en mutation rapide. Les autorités actuelles, dirigées par le Général Mamadi Doumbouya, ont surmonté un des principaux obstacles à leur agenda : écarter Alpha Condé du pouvoir. Avec cette victoire, elles ont également isolé le chef de file de l’opposition tout en atténuant l’influence du leader de l’Union des Forces Républicaines, compliquant ainsi la quête de l’opposition pour la magistrature suprême.
Le président de la transition guinéenne peut désormais se concentrer sur ses objectifs, ayant précipité le suicide politique de l’opposition. Ce phénomène représente un obstacle majeur à la gouvernance « Doumbouya » et retarde le processus de transition vers la refondation. Les subordonnés du Général Doumbouya s’activent sur le terrain pour écarter, à tout prix, une vieille classe politique que beaucoup jugent « obsolète », souhaitant ainsi faire place à une nouvelle génération capable de porter l’avenir du pays.
Le Général Doumbouya se veut le porteur d’un souffle nouveau, promettant à la Guinée une élite capable de conduire le pays vers la prospérité. Toutefois, la réalité politique de la Guinée est complexe. Les préalables à cette nouvelle ère ne se définissent pas aisément, et les citoyens observent attentivement la trajectoire du Conseil National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD).
La question qui se pose est : faut-il sacrifier les acquis démocratiques au nom de la refondation ? Les leaders politiques, forts de leur expérience des luttes passées, ne sont plus dupes. Ils comprennent que l’environnement politique est devenu impitoyable et que les alliances peuvent se volatiliser lorsque les intérêts idéologiques s’opposent.
Dans ce contexte, certains leaders estiment qu’il est essentiel de se présenter devant la justice et de prouver leur patriotisme, tandis que d’autres préfèrent rester en retrait, évitant de tomber dans une « gueule de loup » en attendant de planifier un retour stratégique.
Les débats parmi les citoyens témoignent de cette incertitude : l’opposition pourra-t-elle déjouer les pronostics du CNRD ? Ont-ils déjà perdu d’avance ? Comment parviennent-ils à maintenir leur résilience face aux obstacles dressés sur leur chemin ? Croient-ils encore à la possibilité de gouverner le pays, comme ils l’ont souvent rêvé et comme leurs partisans les ont encouragés ? Que deviendront leurs cadres loyaux ? Vont-ils suivre le chemin d’autres membres de partis ayant déjà rejoint le gouvernement de la « refondation » ?
Le désir des citoyens guinéens quant à l’avenir de leur pays reste mitigé. D’un côté, certains se laissent emporter par des mouvements de soutien au CNRD, espérant préparer le Général Doumbouya à un « Coup KO » lors de la prochaine présidentielle. De l’autre, beaucoup demeurent fidèles à leurs convictions démocratiques, conformément à la charte de la transition, déterminés à ne pas répéter les erreurs du passé.
En fin de compte, l’opposition guinéenne se trouve en pièces détachées, tiraillée entre les défis internes et les opportunités à saisir. Sa capacité à se réinventer et à fédérer les forces en présence sera cruciale pour son avenir et pour l’émergence d’une véritable démocratie en Guinée.
Par Tidiane Diallo, Journaliste, tidiani83@gmail.com