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L’élection de trop : quand la mise en scène remplace la démocratie au Gabon !

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L’élection de trop : quand la mise en scène remplace la démocratie au Gabon !

Après le dépouillement de 80 % des bureaux de vote sur l’ensemble du territoire, le candidat Brice Clotaire Oligui Nguema serait pressenti pour être élu dès le premier tour de l’élection présidentielle gabonaise. N’importe quoi ! Comme si cette « nouvelle » était une révélation ! En journalisme, on ne s’intéresse pas aux trains qui arrivent à l’heure, mais à ceux qui déraillent. Tout comme « un chien mord un homme » n’est pas une information ; c’est plutôt « un homme mord un chien » qui mérite une manchette.

Depuis que le putschiste « halal » du 30 août 2023, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, est allé quémander l’onction républicaine dans les couloirs de l’Élysée, il était évident qu’il reviendrait avec une feuille de route bien ficelée : celle d’une élection au résultat soviéto-compatible. Il fallait bien maquiller la prise de pouvoir en transition démocratique, avec urnes, bulletins et pourcentage écrasant à la clé. Le décor est planté, le script est connu, et les figurants, heu pardon, les électeurs, n’avaient qu’à suivre le scénario.

Ce qui dérange, ce n’est pas tant l’élection en elle-même, mais cette tentative pathétique de faire croire à un exercice démocratique. Tout le monde savait que le vainqueur était déjà désigné. L’argent englouti dans cette farce électorale aurait pu — dans un monde plus sensé — être investi dans des secteurs prioritaires comme la santé, l’éducation ou les infrastructures de base. Mais non. En Afrique, on préfère souvent mettre les moyens dans le vernis plutôt que dans la charpente. On célèbre la forme au détriment du fond, on dépense sans compter pour faire semblant.

À force de jouer à la démocratie sans en respecter les règles, certains régimes finissent par croire à leurs propres mises en scène. Mais le peuple, lui, ne s’y trompe plus. La comédie électorale gabonaise n’a trompé personne, si ce n’est ceux qui avaient besoin de l’être. Le problème, ce n’est pas seulement d’organiser une mascarade électorale, c’est de croire qu’elle suffira à légitimer un pouvoir né d’un coup de force après la vitrification française du président qui était là !
Abdoulaye Sankara, journaliste