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De Sankara à Traoré : la dernière résistance contre l’impérialisme occidental commence maintenant

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De Sankara à Traoré : la dernière résistance contre l’impérialisme occidental commence maintenant

Cet article, intitulé « De Sankara à Traoré : la dernière résistance contre l’impérialisme occidental commence maintenant », est rédigé par le célèbre enseignant-chercheur de l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, le polyglotte Thierno Mouhamadou Diallo.

Dans cette analyse engagée, il explore la dynamique géopolitique actuelle en Afrique de l’Ouest, mettant en lumière la portée symbolique et politique du leadership du capitaine Ibrahim Traoré, ainsi que les choix décisifs auxquels doivent faire face ses homologues dans la sous-région. Bonne lecture !

« Si les peuples africains veulent vivre en paix, ils doivent refuser d’être les pions des puissances étrangères. »
— Thomas Sankara.

Au cœur frémissant de l’Afrique de l’Ouest, une tempête se lève — une tempête qui menace de renverser des décennies de domination néocoloniale et de réaffirmer la dignité de la souveraineté africaine. Au centre de ce bouleversement politique se dresse le capitaine Ibrahim Traoré, jeune révolutionnaire de 36 ans, qui gouverne aujourd’hui le Burkina Faso avec une clarté inébranlable : l’Afrique doit se réapproprier elle-même ou rester l’instrument de marionnettistes impérialistes.

Fort du courage de Sankara et de la détermination de Lumumba, Traoré s’impose comme le symbole d’une nouvelle aurore politique. Il a osé expulser les troupes françaises, faire taire les machines de propagande étrangère et redéfinir la gouvernance populaire — sans excuses et sans autorisation extérieure. Mais cette audace n’est pas sans péril.

En réponse, les puissances occidentales — notamment la France et les États-Unis — auraient intensifié leurs opérations secrètes visant à son élimination. Le général Michael Langley d’AFRICOM, Afro-Américain en apparence mais commandant d’une mission impériale dans le fond, serait un acteur clé de cet échiquier géopolitique. L’objectif reste immuable : anéantir tout dirigeant africain qui ose marcher debout et sans chaînes.

Mais le destin de Traoré ne saurait incomber au seul Burkina Faso. J’affirme que le leader de la transition guinéenne, le général Mamady Doumbouya, doit désormais se lever pour répondre à ce moment historique.

L’Afrique et son cycle brisé

Les terres africaines sont alourdies par le sang des rêveurs qui ont osé se tenir debout. Du Congo avec Patrice Lumumbaau Ghana avec Kwame Nkrumah, du Burkina Faso avec Thomas Sankara à la Libye avec Muammar Kadhafi, l’histoire se répète avec une précision glaçante. Lumumba fut torturé et assassiné pour avoir réclamé une véritable indépendance. Nkrumah, architecte de l’unité panafricaine, fut renversé dans un coup d’État où les empreintes de la CIA sont indélébiles. Sankara, le révolutionnaire intègre qui exhortait l’Afrique à se nourrir elle-même et à rejeter la dette, fut trahi et abattu par son plus proche allié. Kadhafi, qui osa proposer une monnaie africaine commune, fut traîné dans le sable de Syrte et tué dans une attaque orchestrée par l’Occident sous couvert d’intervention humanitaire.

À chaque fois qu’un dirigeant africain s’élevait avec une vision trop audacieuse pour l’ordre colonial, l’Occident réagissait avec une précision chirurgicale : déstabilisation, diabolisation, élimination. Les noms changent, les nations diffèrent, mais le schéma demeure hideusement familier : l’Afrique résiste, l’empire riposte. Le rêve naît, la balle suit.

Aujourd’hui, le capitaine Traoré emprunte ce chemin périlleux — les yeux grands ouverts. Il n’ignore pas le sort de ses prédécesseurs. Il n’est pas dupe des tactiques impérialistes. Il sait que l’ennemi ne porte plus de manteaux rouges ni ne plante de drapeaux : il se cache derrière le jargon diplomatique, les drones et l’aide au développement. Il dissimule l’exploitation sous le couvert de la lutte antiterroriste, et orchestre le chaos pour justifier un contrôle perpétuel.

La prétendue guerre contre le terrorisme au Sahel, dirigée par les forces françaises et américaines, a laissé derrière elle un sillage de villages détruits, de populations déplacées et un champ de bataille plus instable encore qu’avant leur arrivée. Sous le régime précédent du lieutenant-colonel Damiba, des témoignages crédibles suggèrent que les menaces terroristes furent non seulement mal gérées, mais délibérément instrumentalisées, entretenues comme justification à la présence militaire étrangère.

Mais Traoré refuse le rôle qu’on lui avait attribué dans ce théâtre colonial. Il a fermé les portes à l’ingérence étrangère, revendiqué le droit de défendre son territoire, et entamé la réarmement de l’armée burkinabè avec des moyens locaux. Il a opté pour des alliances fondées non sur la servitude, mais sur le respect mutuel, se tournant vers des partenaires qui coopèrent sans piller. Ce faisant, il défie non seulement l’influence de l’Occident, mais démonte aussi le mythe selon lequel l’Afrique ne saurait subsister seule. Voilà pourquoi il est redouté.

Pour la première fois depuis une génération, un dirigeant africain n’implore pas la stabilité— il l’impose. Non pas en client, mais en souverain. Traoré est l’exception que l’empire ne peut tolérer de voir devenir la règle.

Doumbouya et l’appel de l’histoire

Dans ces vents changeants du réveil politique ouest-africain, le général Mamady Doumbouya se tient à un carrefour historique. Son avènement en 2021 a électrisé la jeunesse guinéenne, qui le percevait non seulement comme un soldat, mais comme un symbole de rédemption nationale. Il parlait le langage de la dignité, de la justice et du changement. Son béret rouge rappelait Sankara. Son discours promettait de rompre avec la corruption et la domination étrangère. Un instant, l’on crut que la Guinée était prête à tracer une nouvelle voie souveraine.

Mais comme toute révolution, le feu a besoin de combustible — et celui de Doumbouya s’affaiblit. La feuille de route de la transition demeure floue, et l’espoir se mue en frustration. Les tentacules de l’influence française persistent au sein de l’administration. L’espace civique se rétrécit. La jeunesse murmure. L’alignement régional avec la vague panafricaine menée par Traoré reste timide. Cette ambiguïté est périlleuse. L’empire, lui, a déjà désigné son ennemi : Traoré est marqué, non pour ses actes, mais pour ce qu’il incarne — une Afrique souveraine et insoumise. Et si l’histoire enseigne quelque chose, tout dirigeant africain qui refuse le script impérial est destinéà la déstabilisation, à la diabolisation, voire à la mort. La neutralité n’est pas une protection — c’est une reddition différée.

C’est pourquoi Doumbouya doit agir — et agir avec fermeté. Se tenir aux côtés de Traoré, ce n’est pas un simple acte de solidarité, c’est un geste de survie nationale. Ce n’est pas une question d’axe Est-Ouest, mais de rupture avec le cycle colonial.

La jeunesse guinéenne — et africaine — n’est plus passive. Elle est vigilante, éveillée et lucide. Elle connaît les systèmes qui les maintiennent dans la pauvreté : dépendance à la dette, bases militaires étrangères, gouvernance dictée par les bailleurs, et une monnaie contrôlée par Paris. Elle sait que ceux qui reçoivent les éloges des éditoriaux occidentaux sont souvent les plus toxiques. La stabilité sans souveraineté n’est qu’un carcan en velours.

Ils ont étudié les martyrs : Lumumba, Sankara, Kadhafi. Ils se souviennent de Sékou Touré qui, en 1958, déclara à De Gaulle : « Nous préférons la pauvreté dans la libertéà la richesse dans l’esclavage. » Cet esprit persiste, et il voit désormais en Traoré un héritier — non pas parfait, mais courageux. Doumbouya égalera-t-il ce courage ?

Sa réponse déterminera s’il sera le gardien de la révolution guinéenne ou l’architecte de sa trahison. L’histoire n’accorde pas de délais infinis — elle exige des décisions. Le moment d’embrasser la résistance est venu — avant que les bottes impériales ne foulent à nouveau Conakry sous le masque de l’aide, avant que les jeunes désabusés ne troquent les bulletins contre les barricades. Comme le prévenait Sankara :« Les révolutionnaires peuvent être tués, mais les idées ne meurent jamais. »

Une flamme entre nos mains

Le capitaine Ibrahim Traoré a allumé l’étincelle. Une flamme vacille désormais à la lisière de l’histoire. Qu’elle se transforme en torche illuminant la renaissance africaine, ou qu’elle s’éteigne dans les vents de la trahison, dépendra du courage des leaders et de la conviction des peuples.

En ce moment décisif, le silence n’est pas neutre — il est trahison. Général Doumbouya, vos choix seront scrutés non seulement par votre peuple, mais par tout un continent en quête de cap. L’histoire ne pardonne pas l’hésitation. Ceux qui autrefois scandaient votre nom attendent aujourd’hui des actes — non des cérémonies.

Aux autres dirigeants africains : soutenez Traoré ou tombez avec l’empire. Il n’y a aucun juste milieu entre souveraineté et soumission. Le temps des diplomaties creuses est révolu. L’ère des pantins impériaux nourris à la cuillère est en train de s’éteindre. Un nouvel ordre se dessine — forgé non dans les salons de conférence, mais dans la forge de la résistance.

À la jeunesse : l’heure est venue. Organisez-vous. Parlez. Mobilisez-vous. Ne comptez pas sur une liberté qu’on vous concèdera — elle ne l’a jamais été. Conquérez-la, avec la clarté de ceux qui savent que la libération ne s’obtient pas par permission, mais par persévérance.

Et à l’Occident :

L’Afrique ne vous appartient plus. Vous pourrez mépriser nos leaders, corrompre nos fonctionnaires, assassiner nos visionnaires — mais vous ne pourrez jamais tuer l’idée qui marche désormais parmi nous : celle que l’Afrique appartient aux Africains, que notre destin ne sera plus sous-traité.

Une Afrique nouvelle se lève — dans le feu, dans le sacrifice, et dans la souveraineté retrouvée.Et cette fois, nous ne serons pas réduits au silence.

Par Thierno Mouhamadou Diallo, enseignant-chercheur, Université Général Lansana Conté de Sonfonia – Conakry

Transmis par Diallo Alpha Abdoulaye