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(Multimédia) Derrière l’histoire du café : la lutte de l’Afrique contre le colonialisme

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(241221) -- NAIROBI, Dec. 21, 2024 (Xinhua) -- A farmer picks coffee berries in a coffee farm in Kirinyaga, Kenya, Dec. 20, 2024. TO GO WITH "Feature: Coffee farming provides lifeline for Kenya's central region" (Xinhua/Wang Guansen)

Aujourd’hui, ce grain magique est devenu un symbole de résilience et d’autonomie pour l’Afrique et le Sud global, témoignant d’une nouvelle vague montante du Sud global.

NAIROBI, 26 mai (Xinhua) — Dans un café confortable niché dans le quartier Karen de Nairobi, des grains de café kenyan de qualité AA et de couleur châtaigne sont soigneusement moulus, extraits et brassés sous le regard attentif d’un barista local.

L’amertume se transforme en quelque chose de merveilleux, une acidité vive s’épanouit, rappelant les fruits tropicaux mûrs et juteux. L’arôme envahit rapidement la pièce, revigorant les sens.

L’Afrique de l’Est, où se trouve le Kenya, partage un lien inséparable avec le café, tandis que l’Ethiopie, dans la Corne de l’Afrique, est largement reconnue comme le berceau du café.

Les grains de spécialité comme le Kenya AA et le Yirgacheffe d’Ethiopie sont appréciés par les amateurs de café du monde entier et restent des produits de base très recherchés sur le marché mondial.

Qu’il soit originaire d’Afrique ou au delà de l’Afrique, l’humble grain de café porte en lui un douloureux héritage de colonisation et d’exploitation.

Aujourd’hui, ce grain magique est devenu un symbole de résilience et d’autonomie pour l’Afrique et le Sud global, témoignant d’une nouvelle vague montante du Sud global.

UN CADEAU INATTENDU DE L’AFRIQUE

Le café est souvent considéré comme un cadeau inattendu de l’Afrique.

La légende raconte qu’aux alentours du 9ème siècle, dans la région de Kaffa, dans le sud de l’Ethiopie, un éleveur de chèvres nommé Kaldi remarqua que ses chèvres devenaient inhabituellement énergiques et vives après avoir consommé des baies rouges provenant d’un arbuste inconnu.

Curieux, Kaldi a essayé les baies lui-même et a ressenti un effet revigorant similaire. Il fit part de sa découverte à un monastère local, où les moines, d’abord sceptiques, finirent par constater que la boisson préparée à partir de ces baies les aidait à rester éveillés pendant les longues heures de prière.

Cette histoire, bien que probablement apocryphe, est largement acceptée comme l’histoire de l’origine du café, et le mot « café » dériverait de « Kaffa », la région où il a été découvert pour la première fois.

Aujourd’hui, le café fait partie intégrante de la culture éthiopienne, comme en témoignent des expressions telles que « Buna dabo naw » (le café est notre pain).

L’Arabica et le Robusta, les deux variétés de grains de café les plus répandues dans le monde, trouveraient leur origine en Afrique. Les climats des hauts plateaux d’Afrique de l’Est offrent des conditions idéales pour la culture de l’arabica, tandis que les régions de plaine d’Afrique centrale, occidentale et certaines parties de l’Afrique de l’Est conviennent bien à la culture du robusta.

Ces deux variétés jouent un rôle crucial dans l’industrie mondiale du café, en répondant aux diverses préférences des consommateurs et en soutenant les économies des régions productrices de café dans le monde entier.

La région du Croissant du lac Victoria, avec son terrain propice et son climat tropical, offre un environnement idéal pour la culture du café Robusta. Cette région, caractérisée par des sols fertiles et des précipitations régulières, est depuis longtemps reconnue comme l’habitat d’origine des caféiers Robusta sauvages.

Depuis des siècles, les caféiers Robusta sauvages prospèrent dans les forêts naturelles de l’Ouganda. Bien avant l’arrivée des colons européens, le peuple Baganda avait déjà commencé à cultiver le café.

Aujourd’hui, dans les régions traditionnelles de la culture du café, telles que les zones entourant le mont Elgon et les monts Rwenzori, certains caféiers anciens sont encore debout, témoignant de l’héritage durable du pays en matière de café.

Des femmes versent des cerises de café fraîches sur une bâche pour les faire sécher au soleil dans une plantation près de la ville de Budadiri dans le district de Sironko, dans l’est de l’Ouganda, le 6 juin 2024. (Xinhua/Ronald Ssekandi)
LA CERISE DE CAFE ET LE FOUET

« J’ai possédé une ferme en Afrique au pied du Ngong. La ligne de l’Equateur passait dans les montagnes ».

C’est par cette phrase emblématique que Karen Blixen, autrice danoise, commence ses mémoires La Ferme africaine (1937).

Dans ce livre, Blixen raconte ses expériences de 1914 à 1931, pendant lesquelles elle a géré une plantation de café en Afrique de l’Est britannique, aujourd’hui le Kenya.

Ses réflexions donnent un aperçu des complexités du colonialisme et des transformations personnelles qu’elle a subies pendant son séjour en Afrique.

A la fin du XIXe siècle, les puissances coloniales occidentales, motivées par la recherche du profit, ont saisi de force les terres des communautés indigènes d’Afrique de l’Est pour y établir des plantations de cultures commerciales comme le café.

En 1893, des missionnaires français ont introduit le café au Kenya, en plantant près de Nairobi les premières graines de la variété Bourbon provenant de l’île de la Réunion. Deux ans plus tard, en 1895, le gouvernement britannique a déclaré la région Protectorat britannique d’Afrique de l’Est et, en 1920, elle est devenue la colonie du Kenya, sous l’autorité coloniale britannique directe.

Consciente de la rentabilité des cultures commerciales, l’administration coloniale britannique a donné la priorité à la culture du café. Les hautes terres centrales, caractérisées par des sols volcaniques fertiles, une altitude comprise entre 1.500 et 2.100 mètres et un climat tempéré, ont été identifiées comme idéales pour la culture du café Arabica, ce qui a conduit à la commercialisation rapide de la culture du café au Kenya.

La terre a été l’une des principales cibles du pillage colonial. En 1902, l’administration coloniale britannique a promulgué l’ordonnance sur les terres de la Couronne, déclarant que toutes les terres du Protectorat d’Afrique de l’Est étaient des terres de la Couronne placées sous l’autorité du monarque britannique.

Cette législation permettait la vente ou la location de parcelles de terre d’une superficie maximale de 400 hectares par des fonctionnaires autorisés, les baux étant généralement fixés à 99 ans. Les régions les plus fertiles, en particulier les hautes terres centrales du Kenya, ont été désignées comme « White Highlands » et réservées exclusivement aux colons européens.

Les communautés indigènes, notamment les Kikuyu et les Kalenjin, ont été déplacées de force de leurs terres ancestrales et relocalisées dans des réserves moins arables. Soumis à des politiques coloniales strictes et à une fiscalité lourde, de nombreux habitants locaux ont non seulement perdu leurs terres, mais ont également été contraints de servir de main-d’œuvre bon marché dans les fermes des colons.

Maina Kiarie, conservateur du musée Enzi au Kenya, a déclaré que la population de colons européens dans les régions désignées comme « White Highlands », y compris Nanyuki, Nyahururu et la région d’Uasin Gishu, était d’environ 100 personnes en 1903. En 1950, ce nombre avait grimpé à plus de 80.000.

En 1960, environ 2.000 colons européens possédaient chacun une ferme de plus de 800 hectares, ce qui témoigne de l’importante consolidation des terres par les colons européens au cours de la période coloniale.

Dans La Ferme africaine, Blixen réfléchit à l’exploitation des métayers locaux par les propriétaires terriens européens.

Sur les 2.400 hectares de sa ferme, environ 400 étaient cultivés par des familles de métayers. Ces locataires, dont les parents sont également nés et ont grandi sur le domaine, sont originaires de la terre, mais ne détiennent aucun droit de propriété.

A l’époque coloniale, les colons européens ont interdit aux autochtones kenyans de cultiver eux-mêmes le café, a expliqué Karuga Macharia, vice-président de l’Association africaine du café de qualité, basée au Kenya.

« Ils ont été chassés de force des terres fertiles et relégués au travail dans les plantations de café appartenant aux colons, souvent dans des conditions d’exploitation », a déclaré M. Macharia à Xinhua.

L’industrie coloniale du café était structurée principalement pour l’exportation de grains de café bruts vers l’Europe, où la transformation et la vente avaient lieu, laissant les communautés locales avec un bénéfice économique minime malgré la culture sur leurs terres, a-t-il ajouté.

Chris Oluoch, directeur des programmes de Fairtrade Africa, a quant à lui souligné l’impact durable du colonialisme sur l’industrie du café au Kenya.

Aujourd’hui, les producteurs locaux kenyans se voient souvent contraints de s’engager dans le commerce du café par l’intermédiaire de multinationales basées dans les pays occidentaux, a-t-il déclaré.

L’Ouganda, voisin du Kenya, est devenu un protectorat britannique à la fin du XIXe siècle.

Pendant la période coloniale, les autorités britanniques ont activement promu la culture du thé, encourageant la population locale à adopter le thé comme boisson principale.

Pendant ce temps, la production de café de l’Ouganda était presque entièrement destinée à l’exportation. Cette approche axée sur l’exportation signifiait que, bien que l’Ouganda soit un important producteur de café, la consommation intérieure restait minime.

En Ouganda, l’héritage du colonialisme britannique continue d’influencer la perception du café. Une marque de café appelée « kiboko », qui signifie « hippopotame » en swahili, fait également référence à un fouet traditionnellement fabriqué en peau d’hippopotame.

A l’époque coloniale, les surveillants britanniques utilisaient ces fouets pour imposer le travail dans les plantations de café, ce qui a conduit les Ougandais à associer le café au travail forcé.

Ce contexte historique a contribué à la perception du café comme une « boisson de l’homme blanc » en Ouganda. De nombreux Ougandais ont toujours considéré le café comme une culture de rapport destinée à l’exportation plutôt que comme une boisson destinée à la consommation locale.

INDEPENDANCE ET LUTTES

Dans les années 1950 et 1960, l’Afrique a connu une vague de mouvements de libération nationale.

Le 12 décembre 1963, le Kenya a obtenu son indépendance du régime colonial britannique. Cependant, le départ des colonisateurs n’a pas démantelé les structures économiques qu’ils avaient établies.

Le café, introduit à l’époque coloniale comme principale culture de rente, est devenu une arme à double tranchant dans le développement économique du Kenya après l’indépendance.

S’il a généré des recettes en devises, il a également contribué à l’insécurité alimentaire, à la pauvreté rurale et à l’enracinement des inégalités au sein de la chaîne de valeur agricole.

Dans les premières années qui ont suivi l’indépendance, le gouvernement kenyan a poursuivi le modèle économique colonial, en allouant de vastes étendues de terres à la culture de produits de rente tels que le café et le thé.

Cette orientation de l’agriculture vers l’exportation a permis d’engranger des recettes étrangères, mais a marginalisé la production alimentaire, ce qui a entraîné une réduction de l’offre de denrées alimentaires au niveau national.

Alors que les marchands et les exportateurs ont profité de la situation, de nombreux agriculteurs sont restés pauvres. Dans les zones rurales du Kenya, des manifestations ont fréquemment éclaté pour protester contre les bas prix offerts pour le café, reflétant le mécontentement généralisé des petits exploitants agricoles.

Au cœur de Nairobi, un immeuble blanc et vert, abritant le Nairobi Coffee Exchange (NCE), se dresse toujours. Fondée en 1935, cette institution datant de l’ère coloniale continue de dominer les exportations de café du Kenya.

« Nous sommes encore très dépendants des marchés internationaux, exportant principalement des grains de café semi-transformés. Par conséquent, la majorité des bénéfices est accaparée par les intermédiaires et les pays développés, ce qui ne laisse à nos agriculteurs qu’une fraction de la valeur finale au détail », a déclaré Dennis Munene Mwaniki, directeur exécutif du Centre Chine-Afrique de l’Institut de recherche sur les politiques africaines du Kenya.

La majorité du café kenyan est exportée sous forme semi-transformée par l’intermédiaire de la NCE, un système mis en place sous le régime colonial, a-t-il ajouté, précisant que cette structure limitait le contrôle et l’influence du Kenya sur la chaîne de valeur du café.

« Cette approche est l’une des raisons qui expliquent les défis auxquels l’industrie du café du Kenya est confrontée aujourd’hui », a-t-il déclaré.

La fixation des prix au NCE est largement déterminée par quelques acheteurs internationaux et intermédiaires locaux, ce qui ne laisse guère d’autre choix aux producteurs de café locaux que d’accepter les prix proposés.

Le modèle commercial de l’industrie du café repose sur une sorte de néocolonialisme, dominé par une poignée de négociants en café transnationaux dont les profits sont abondants, selon un commentaire publié sur le site web australien The Conversation.

« Plus de 80% du café mondial provient de 25 millions de petits exploitants et 60% est produit par des exploitants disposant de moins de 5 hectares. Nombre d’entre eux luttent pour gagner décemment leur vie ».

Les producteurs de café kenyans illustrent bien cette disparité. Alors qu’une tasse de café dans les cafés spécialisés européens coûte généralement environ 4 dollars, de nombreux travailleurs du café kenyans gagnent au maximum 2,3 dollars par jour.

En ce qui concerne l’Ethiopie, malgré la renommée mondiale et les prix de vente au détail élevés du café éthiopien, seuls 5 à 10% du prix de vente au détail final reviennent à l’Ethiopie.

Les distributeurs et les courtiers internationaux accaparent la majorité des bénéfices. En conséquence, de nombreux producteurs de café éthiopiens gagnent à peine 500 dollars par an, malgré leur travail tout au long de l’année, selon les données de la Banque mondiale.

En Ouganda, l’industrie du café est semblable à celle d’autres pays africains, car elle continue à se débattre avec les héritages persistants des structures économiques coloniales.

Nelson Tugume, président du groupe Inspire Africa, a déclaré que cette profonde inégalité démoralisait non seulement les producteurs de café, mais entravait également le développement durable du secteur du café en Afrique.

Il a appelé à une répartition plus équitable et plus raisonnable de la richesse substantielle générée par le commerce mondial du café, affirmant que les producteurs de café africains méritaient une part plus juste des bénéfices.

Des gens préparent du café lors de la 20e Conférence et Exposition sur les cafés fins africains et la première Semaine africaine du café à Addis-Abeba, capitale de l’Ethiopie, le 8 février 2024. (Xinhua/Michael Tewelde)
COMMERCE EQUITABLE ET COOPERATION

L’appel lancé à l’Afrique pour qu’elle ne se contente pas d’être un simple fournisseur de matières premières dans l’industrie mondiale du café se fait de plus en plus pressant dans les pays producteurs de café comme le Kenya, l’Ethiopie et l’Ouganda.

L’une des stratégies du Kenya pour atteindre cet objectif a été la formation de coopératives de petits producteurs de café.

Selon l’African Fine Coffees Association, le secteur du café au Kenya comprend environ 800.000 petits exploitants qui sont organisés en quelque 500 coopératives.

Les petits exploitants peuvent ainsi mettre en commun leurs ressources, partager leurs connaissances et améliorer la qualité et la régularité de leur café.

Cette approche collective permet non seulement d’autonomiser les agriculteurs sur le plan économique, mais contribue également au développement durable de l’industrie du café au Kenya, a déclaré Karuga Macharia, vice-président de l’association.

Il a expliqué qu’en raison de la disponibilité limitée de terres appropriées pour la culture du café, l’industrie du café au Kenya se concentrait sur l’augmentation des rendements par arbre afin d’accroître la production globale sans étendre les terres agricoles.

Actuellement, les coopératives aident les agriculteurs à améliorer les rendements par arbre, certains rapports indiquant que des arbres bien gérés peuvent produire jusqu’à 40 kilogrammes par an, a déclaré M. Macharia.

Dans le comté de Kirinyaga, au Kenya, la Mutira Farmers’ Cooperative Society, qui regroupe environ 8.000 petits exploitants agricoles, tire parti des sols volcaniques uniques de la région et de son climat favorable pour produire un café de haute qualité très demandé sur le marché international.

Victor Munene, agronome à la coopérative, a noté que celle-ci fournit des engrais et des pesticides aux agriculteurs à crédit, ce qui leur permet de rembourser les prêts après avoir livré leurs cerises de café.

« Ce système permet aux agriculteurs d’avoir accès aux intrants nécessaires même lorsqu’ils ne disposent pas de fonds immédiats, ce qui améliore à la fois le rendement et la qualité de leur café », a déclaré M. Munene.

Il a ajouté que la coopérative proposait des sessions de formation en ligne et en personne, ainsi que des consultations téléphoniques, pour soutenir les agriculteurs.

En outre, la coopérative interagit régulièrement des agronomes pour procéder à l’échantillonnage et à l’analyse des sols, ce qui permet d’identifier avec précision les éléments nutritifs nécessaires à une croissance optimale des cultures.

Ces dernières années, le gouvernement kenyan a intensifié ses efforts pour soutenir et réformer l’industrie nationale du café par le biais de plusieurs initiatives clés.

L’une d’entre elles est la création et l’expansion du Coffee Cherry Advance Revolving Fund, qui fournit des prêts non garantis aux petits exploitants afin de leur faciliter l’accès au crédit.

Le gouvernement a également introduit une « garantie de paiement en trois jours » dans le cadre du système de règlement direct, afin que les agriculteurs soient payés en 72 heures suivant la livraison de leurs cerises, ce qui représente une amélioration significative par rapport à la période d’approbation précédente, qui était de 5 à 14 jours.

Au début de l’année, plusieurs ministères ont lancé conjointement de nouvelles politiques visant à améliorer les techniques de culture du café, à étendre la culture dans des régions non traditionnelles et à renforcer la transparence du système de vente aux enchères.

Selon le Bureau national des statistiques du Kenya, le volume des exportations de café du pays a augmenté de 12% en 2024 pour atteindre 53.519 tonnes. Les recettes d’exportation ont également augmenté, passant de 251 millions de dollars en 2023 à 296 millions de dollars en 2024.

UN NOUVEAU MARCHE ET DE NOUVELLES OPPORTUNITES

Outre l’organisation des petits exploitants en coopératives pour renforcer le pouvoir de négociation collectif, plusieurs pays africains s’efforcent également de stimuler la valeur ajoutée dans le secteur du café en développant des marques locales.

L’Ethiopie, qui est actuellement le plus grand producteur de café d’Afrique et le cinquième au niveau mondial, produit environ 600.000 tonnes de café par an.

Ces dernières années, le pays a pris des mesures importantes pour restructurer son industrie du café, en passant de l’exportation de grains bruts à des produits personnalisés à valeur ajoutée, tout en remontant la chaîne de valeur.

Pour soutenir cette transition, le gouvernement éthiopien a mis en place une série de politiques, notamment l’enregistrement de marques nationales de café sur les principaux marchés internationaux et la promotion active des marques de café éthiopien à l’échelle mondiale.

En 2004, reconnaissant que la plupart de ses producteurs de café étaient de petits exploitants agricoles, le gouvernement éthiopien a lancé l’initiative « Ethiopian Fine Coffee Trademarking and Licensing Initiative » (Initiative pour l’enregistrement de marques et de licences de café éthiopien).

Cette initiative a permis d’enregistrer des marques pour trois régions productrices de café renommées : Yirgacheffe, Sidamo et Harar.

L’Ouganda a également déployé des efforts concertés pour accroître la valeur ajoutée dans son secteur du café.

Le président ougandais Yoweri Museveni a toujours insisté sur le fait que l’augmentation de la valeur ajoutée était essentielle au développement du secteur du café dans le pays.

En 2024, il a signé l’amendement à la loi nationale sur le café, qui encourage la mise en place d’un système transparent de vente aux enchères du café afin de protéger les agriculteurs de l’exploitation par les intermédiaires et de promouvoir la croissance des entreprises de transformation locales axées sur les produits du café à valeur ajoutée.

Le Kenya, l’Ethiopie et d’autres pays africains producteurs de café encouragent également la coopération Sud-Sud afin de renforcer leur position dans l’industrie mondiale du café en étendant leurs réseaux de vente par le biais de foires commerciales et de plateformes de commerce électronique, en ciblant des marchés émergents tels que l’Egypte, le Nigeria et la Chine.

« Lorsque mon cœur évoque l’Afrique, je revois les girafes au clair de lune, les champs labourés, les faces luisantes de sueur pendant la cueillette du café. L’Afrique se souvient-elle encore de moi ? » a écrit Blixen dans La Ferme africaine.

Si l’humble grain de café pouvait chanter, son chant ferait écho à l’amertume du passé colonial, aux épreuves de l’indépendance et à l’esprit durable de la lutte de l’Afrique pour l’équité et l’autosuffisance.