
Il souffle en ce moment un vent de départs opportunistes et de girouettes politiques, dont la logique échappe parfois à la raison mais que l’on finit, à force d’observer, par décoder. Ce ballet incessant de transhumance politique, souvent dicté par des intérêts personnels plutôt que par des convictions profondes, mérite qu’on y mette un terme clair et net.
Pour cela, il devient urgent d’ériger un principe simple mais efficace dans la refondation de l’environnement politique : interdire tout changement de camp politique en cours de mandat électif. Cette mesure aurait le mérite de restaurer un minimum d’éthique et de cohérence dans l’engagement politique.
Mais allons plus loin. Puisque cette instabilité chronique s’explique en grande partie par une politique du tube digestif — où l’engagement n’est souvent qu’un marchepied vers un décret juteux —, il est temps de sanctuariser l’acte de nomination. Tout décret présidentiel de nomination à un poste de responsabilité publique devrait être préalablement validé par l’Assemblée nationale, après une enquête rigoureuse de moralité menée par les services compétents de renseignement.
Ce ne sera sans doute pas la panacée, mais ce serait déjà un pas significatif vers une moralisation de la vie politique, une responsabilisation des élus et un assainissement salutaire de la démocratie. Ça sera une digue contre l’opportunisme. Et la politique du ventre.
Abdoulaye Sankara, journaliste