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Pourquoi le doctorat est-il appelé « Doctor of Philosophy » (docteur en philosophie), quel que soit le domaine de spécialisation ? Par Dr Jean De Dieu Momo

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Le titre de « Doctor of Philosophy », abrégé en « Ph.D. », signifie que son détenteur a atteint le plus haut niveau académique dans son domaine. Ce niveau représente la possession de la philosophie de ce domaine — c’est-à-dire la capacité à penser et innover selon sa méthodologie, à théoriser en son sein, et à atteindre sa théorie scientifique pure et abstraite. Ce niveau théorique suprême d’une science est appelé la philosophie de cette science. Le mot « philosophie » ici ne renvoie donc pas à la discipline académique de la philosophie proprement dite.
Ainsi, lorsqu’on obtient un doctorat (Ph.D.) en médecine, en ingénierie, en mathématiques, en littérature, en histoire, en psychologie, en pharmacie ou dans tout autre domaine, cela signifie que l’on a maîtrisé cette science et que l’on est devenu « sage » en elle (au sens grec ancien de la sagesse — c’est-à-dire posséder un savoir pour lui-même), et que l’on en a acquis les fondements, les méthodes et les principes théoriques.
Quant au mot « Docteur », il vient du latin Doctor, qui désignait à l’origine un théologien capable de présenter, enseigner et défendre la doctrine religieuse officielle (doctrina) de l’Église catholique. Son sens était donc similaire à celui d’un juriste ou d’un savant fondamentaliste dans la civilisation islamique.
Le doctorat était à l’origine un titre conféré par l’Église aux membres du clergé spécialisés en théologie au cours du Moyen Âge. Plus tard, il est devenu le plus haut grade universitaire décerné dans les disciplines non religieuses par les universités à la fin du Moyen Âge. Pour distinguer le doctorat d’origine — spécialisé en théologie — des doctorats dans les autres domaines séculiers, on a alors appelé ces derniers « Doctor of Philosophy ». Cette distinction s’explique par le fait que les deux principales branches du savoir en Europe à l’époque étaient la théologie (le savoir religieux) et la philosophie (le savoir profane ou mondain), qui englobait toutes les autres sciences. La philosophie englobait autrefois toutes les sciences, jusqu’à ce que celles-ci commencent à s’en détacher progressivement à partir du XVIIe siècle. »