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Conakry: les habitants du secteur Soloprimo école sommés aussi de quitter les lieux, à partir de ce mardi 5 mars !

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C’est l’incompréhension et la désolation totale chez les habitants du secteur Soloprimo-Ecole Primaire dans le quartier Koloma. A deux mois du début de l’hivernage, ils ont été sommés de déguerpir leur lieu d’habitation ce lundi 04 mars 2019 par les autorités. Des agents de l’habitat accompagnés par des gendarmes ont mis des croix sur tous les bâtiments situés dans cette zone non lotie de la cité Soloprimo. Le sentiment d’abandon, d’injustice mêlé de colère et d’indignation anime les occupants. Ce mardi 5 mars 2019, tous les habitants du secteur sont embrouillés. Chacun cherche à plier bagages et fuir les lieux pour ne pas être surpris. Après Kaporo-rails, un autre drame humanitaire se dessine à Soloprimo. Reportage.

La zone de Soloprimo est la nouvelle cible des autorités qui poursuivent sans coup férir les opérations de déguerpissement dans la commune de Ratoma. Les occupants se précipitent pour sauver le nécessaire avant l’arrivée des Bulldozers du département de l’habitat. Des menuisiers sont visibles ça et là sur les toits de maisons alors que des fourgonnettes et des camions font la queue pour transporter les bagages. Certains y habitent depuis plus de 40 ans.

Le chef secteur Mamadou Hady Bah, marié à deux femmes, père de huit enfants revient sur les circonstances dans lesquelles ils ont été sommés de déguerpir. « C’est hier qu’on a vu des gendarmes dans des pick-up ici. Ils sont venus avec des civils sillonner le coin. Ils se sont arrêtés vers la partie lotie de Soloprimo, ils ont sorti un plan qu’ils ont regardé avant de quitter. Peu de temps après, un autre groupe est venu mettre des croix sur tous les bâtiments. Donc, sachant ce qui s’est passé à Kaporo-rails, les occupants d’ici sont embrouillés. Tout le monde est en train de plier bagages », explique le quadragénaire.

53305526_577812279363588_931739210077962240_n.jpgLe secteur-là fait partie de la zone non-lotie de Koloma Soloprimo , rapporte-t-il, précisant que des plaques existent. « Au temps de Bana Sidibé, on avait recensé cette zone. On nous avait donné des reçus à l’époque. Mais depuis ça, personne ne nous a informé que nous devrions quitter cette zone. Depuis 1988 nous vivons ici. Ce terrain a été acheté par mon père qui est décédé. On n’a nulle part où aller. Je suis marié à deux femmes, j’ai huit enfants, mon grand-frère qui est à côté a onze enfants. Nous sommes des citoyens guinéens, le Président Alpha Condé doit avoir pitié de nous. Nos enfants étudient, certains vont faire l’examen cette année. On n’a aucun recours, le président de la République doit nous venir en aide », se lamente Mamadou Hady Bah.

Elhadj Amadou Ly, père de 15 enfants, habite ce secteur depuis plus de 40 ans. Cet octogénaire interpelle le Président de la République sur ses promesses.

« Au temps de Lansana Conté, on avait cassé certains bâtiments. Alpha Condé, Bâ Mamadou et Siradio s’étaient opposés à ça. Nous on pensait qu’avec un président civil, on allait nous laisser tranquille. Ou bien, s’il décide de nous déguerpir, qu’on nous indemnise au moins parce c’est un intellectuel, un homme de Droit. Le président Alpha Condé avait promis derrière la RTG qu’aucun bâtiment n’allait être cassé sans dédommagement de son propriétaire. On a applaudi. Mais aujourd’hui ce n’est pas ce qu’on voit. On nous surprend comme ça, on viole nos droits, on cible nos maisons dans une injustice, nous ne comprenons pas. Tous ceux qui ont construit ici, ils l’ont fait sous les yeux de l’Etat, en plus qui a vendu les domaines ? C’est eux. Nous prions le Président de nous dédommager avant de nous chasser ici. On n’a nulle part où aller », se plaint-il.

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Marié à quatre femmes, 29 enfants vivant, Elhadj Talhatou Barry, plutôt fataliste sur son sort, dit s’en remettre à Dieu. Les yeux rougis par le chagrin, ce père de famille explique qu’il a habité cette zone pendant plus de 40 ans.

« C’est hier vers 14 heures que nous avons vu ici six pick-up de la gendarmerie. Ils ont quadrillé la zone. Ils ont mis des croix sur nos bâtiments. Ensuite, ils nous ont enjoints de plier bagages et sortir. Nos familles sont là, on a sorti nos bagages, on a nulle part où aller. Je n’accuse personne. On se remet à la volonté de Dieu. C’est lui qui nous avait semés ici depuis des années. Je réside ici depuis plus de 40 ans, la plupart de mes enfants sont nés ici, j’ai des petits-enfants. J’étais là jusqu’hier. Je m’en remets à la volonté de Dieu », lance-t-il au milieu des bagages éparpillés çà et là dans sa cour qu’il ne reverra certainement plus.

Ce qui davantage nourrit l’incompréhension chez les habitants de cette zone, c’est l’effet surprise de cette décision.

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« Personne ne nous a averti auparavant », confie Mamadou. Récemment, le Ministre Ibrahima Kourouma, a fait une annonce précisant que le déguerpissement en cours porte sur les 169,8ha destinés aux bâtiments administratifs et aux centres d’affaires entièrement libérés en 1997 et 1998 et qui malheureusement font l’objet de nouvelles occupations illégales. La réalité sur le terrain est toute autre.

« Ce n’est qu’hier qu’ils sont venus marquer nos maisons en nous donnant un délai de trois jours pour quitter. Cette zone n’est pas affiliée à Kaporo-rails, nous relevons de Soloprimo. On était presque certains qu’on serait épargné. Mais on ne peut rien. Ils ont décidé de casser les biens de pauvres citoyens. Ils auraient pu avertir les gens, les indemniser avant de les déguerpir. Mais ce n’est pas ça. Ils viennent chasser les gens comme des bêtes. Qu’est-ce qu’on peut ? On se remet à Dieu. On ne connait nulle part si ce n’est qu’ici. On est né ici, on a grandi ici. On a fondé nos familles ici. On n’a pas où aller », affirme cet autre habitant de Soloprimo.