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La cour de Bagdad a condamné à mort trois Français dimanche 26 mai, pour avoir rejoint l’organisation de l’État islamique

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La cour de Bagdad a condamné à mort trois Français dimanche 26 mai, pour avoir rejoint l’organisation de l’État islamique, a indiqué à l’AFP un magistrat de la cour qui les a jugés, un verdict inédit pour des ressortissants de ce pays.

Il s’agit de Kévin Gonot, Léonard Lopez et Salim Machou, arrêtés en Syrie par une alliance arabo-kurde antijihadistes, avant d’être transférés avec neuf autres Français en Irak en février.

Selon la loi irakienne, qui prévoit la peine de mort pour quiconque a rejoint une organisation « terroriste », qu’il ait combattu ou non, les trois hommes ont 30 jours pour faire appel.

Jusqu’ici, trois Français ont déjà été reconnus coupables d’avoir rejoint le groupe État islamique en Irak : Mélina Boughedir, 27 ans, Djamila Boutoutaou, 28 ans, et Lahcène Gueboudj, 58 ans. Tous trois ont été condamnés à la prison à perpétuité, équivalente à 20 ans de détention en Irak, alors que la France refuse la peine de mort.

« Justice expéditive »

Les verdicts de dimanche pourraient relancer le débat sur l’épineuse question du retour des jihadistes, qui suscitent un vif rejet dans l’opinion publique en Europe.

Léonard Lopez, Parisien de 32 ans converti à l’islam, a répondu aux questions du juge en arabe lors de l’audience de dimanche, après quatre mois d’interrogatoires, sur la base desquels la cour a rendu son jugement.

Contacté par l’AFP à Paris, son avocat, Me Nabil Boudi, a dénoncé une « justice expéditive ». « On condamne à la peine capitale un ressortissant français, sur la base uniquement d’une série d’interrogatoires passés dans des geôles de prison à Bagdad », a-t-il affirmé.

Léonard Lopez a fait partie, au début des années 2000, des plus actifs sur le site jihadiste francophone de référence d’alors, Ansar Al-Haqq.

En juillet 2015, sous contrôle judiciaire pour son activité sur ce site, il est parti avec sa femme et leurs deux enfants. D’abord à Mossoul puis en Syrie, selon les enquêteurs français.

Il est surtout connu des services de renseignement pour avoir cofondé l’association Sanabil, dissoute par le gouvernement français fin 2016 car elle contribuait sous couvert d’aide aux détenus à radicaliser des prisonniers.

« Tous ceux qui ont été impliqués directement ou indirectement dans les attentats depuis janvier 2015 ont été en lien direct ou indirect avec Sanabil », assurait à l’époque un enquêteur.

Aveux et « regrets »

Kévin Gonot, 32 ans, né à Figeac dans le sud-ouest de la France, a dit dimanche au juge « regretter » d’avoir rejoint l’organisation État islamique.

Il a été arrêté en Syrie avec son demi-frère Thomas Collange, 31 ans, sa mère et son épouse, une nièce des frères Fabien et Jean-Michel Clain qui ont revendiqué les attentats de novembre 2015 à Paris (130 morts) avant d’être tués récemment en Syrie.

Entré illégalement en Syrie via la Turquie, selon ses dires, il a d’abord rejoint le Front al-Nosra (ex-branche d’Al-Qaïda en Syrie) avant de prêter allégeance au « calife » autoproclamé du groupe État islamique, Abou Bakr al-Baghdadi.

Il a assuré au juge avoir ensuite été transféré à Mossoul, la « capitale » des jihadistes en Irak de 2014 à 2017, pour y être hospitalisé et non pour y combattre.

Salim Machou, 41 ans, a appartenu à la brigade Tariq ibn Ziyad, une unité du groupe jihadiste menée par un ancien légionnaire français, Abdelilah Himich, selon le Centre d’analyse du terrorisme (CAT).

Cette « cellule de combattants européens, vivier d’auteurs d’attaques », a compté jusqu’à « 300 membres », selon les autorités américaines.

Neuf autres Français doivent encore être jugés en Irak.

Avec AFP