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« La Direction Centrale de la Police Judiciaire (DPJ) n’est pas un lieu où les journalistes doivent répondre… », Mouctar Bah, Rfi et représentant de RSF en Guinée

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Mouctar Bah, représentant de Reporters Sans Frontières en Guinée (RSF) vient de briser le silence les menaces qui pèsent sur les journalistes Guinéen. Regrettant les convocations répétées de journalistes à la DPJ, le correspondant de radio France internationale (Rfi) prévient que cette pratique ternit l’image du pays. Dans cet entretien, notre confrère fait également des recommandations à l’Etat guinéen. Il s’est confié en exclusivité à notre rédaction.

AFRICAGUINEE.COM : Plusieurs journalistes guinéens ont été convoqués ces derniers temps à la DPJ avant d’être placés sous contrôle judicaire. Quelle est votre réaction en tant que représentant de Reporter Sans Frontières en Guinée ?

MOUCTAR BAH : De toute façon la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DPJ) n’est pas un lieu où les journalistes doivent répondre. La DPJ n’est pas politique, s’il y a des problèmes politiques, c’est au service des renseignements généraux. Et le journaliste ne doit pas être convoqué à la police, c’est à la justice. On ne doit pas interroger les journalistes comme ça parce qu’on est pouvoir. Ça ne marche pas comme ça. Et après on est surpris d’être mal placé dans le classement mondial sur la liberté presse par Reporters Sans Frontières.

Ce qui est en train de se passer est regrettable, c’est triste. Ce n’est pas bon pour l’image de la Guinée. Convoquer un journaliste, arrêter un journaliste c’est  mauvais pour l’image de ce pays. Je crois qu’il faut parler avec les gens, si l’Etat estime que les journalistes font mal leur travail, qu’il fasse quelque chose pour former les journalistes, que l’Etat sorte les moyens pour former les journalistes qui font mal le travail. Les journalistes guinéens comme vous devez le savoir, ils ne sont pas tous professionnels franchement il faut l’avouer. C’est des gens parfois qui ont fait biologie, histoire ou géographie qui se retrouvent dans le monde de la presse. Je ne dis pas que ce sont ceux qui ont échoué dans la vie seulement qui se retrouvent dans la presse, mais la plupart des gens quand ils n’ont pas trouvé du travail ailleurs, ils viennent dans le milieu de la presse bien qu’il y a un nombre important qui détient un diplôme de journalisme

Pour le cas spécifique d’Aboubakr du Lynx fm convoqué après le passage de madame Doussou Condé sur les antennes de la radio, à quel niveau pourrait-on situer réellement le délit de presse, s’il y en a, dans cette affaire ?

Mouctar Bah:  vous dites que Doussou Condé a dit quelque chose sur Lynx Fm, ça c’est pour un de media. Cela est un délit de la presse, dans ce cas il y a son article à part. Quelqu’un qui parle  de crime et de cybercriminalité, c’est un délit. Cette affaire qui tourne autour de lynx fm, Abubakr et Diallo Souleymane est un délit de presse qu’on le veuille ou pas. Parce que c’est sur un media, c’est une radio qu’on a écouté et on a entendu Doussou Condé parler. Ce n’est pas Abubakr qui l’a appelé au téléphone pour dire répond à ma question.  Non. C’est elle qui a parlé directement sur un media. sur cette affaire beaucoup de guinéens m’ont dit qu’Abubakr a défendu contre ce qu’a dit Doussou Condé. Abubkar a demandé à Mme Doussou si elle a les preuves de ce qu’elle affirme, beaucoup de personnes ont cru ce jour-là qu’Abubakr a été payé pour contrer  Doussou Condé. Beaucoup le disent même aujourd’hui.

Ne pensez-vous pas que cette pression du pouvoir sur les journalistes vise à faire taire la presse ?

Faire taire la presse ? Si la presse veut se faire taire, elle va se taire. Sinon elle n’a pas droit de se taire. Les acquis qu’on a, jusqu’à maintenant, c’est le fruit d’un combat âpre pour notre Guinée. C’est un grand combat qui a été mené pour en arriver là. Je suis certain, si les radios n’étaient libres à l’avènement de Monsieur Alpha Condé, ça serait très grave. Parce que je ne sais pas si depuis qu’il est arrivé au pouvoir, il a délivré une licence ou un agrément pour une radio, je ne sais pas. Mais il faut dire ces derniers temps quels sont ceux qui ont obtenu des licences pour des radios privées.

Est-ce une autre menace pour la liberté de la presse ?

C’est ce qu’on appelle verrouiller la presse.

In africaguinee