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Affaire de vente d’Air Guinée: un témoin occulaire fait des révélations et dédouane Cellou Dalein

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A l’époque, bien sûr, au ministère des transports, c’est El hadj Cellou qui était le ministre. Mais, entre Dieu et moi, c’est le président Conté qui l’a appelé. J’étais assis avec le président Conté sous le baobab au palais des nations. Il l’a appelé. A son arrivée, il nous a trouvés assis. Il lui a dit : « j’ai vendu l’ancienne Air Guinée ». Parce que les bailleurs de fonds avaient dit qu’ils n’ont plus d’argent à mettre dans Air Guinée. Ils ont même préconisé qu’Air Guinée soit vendu au franc symbolique. C’est important de le rappeler. Pendant ce temps, l’épave de l’avion se trouvait en Israël. El hadj Cellou (ndlr, Cellou Dalein Diallo actuel président de l’UFDG ; au moment des faits ministre des transports) a tout fait pour gagner de l’argent avec Cheick (ndlr, Cheick Camara, ministre de l’économie et des finances de l’époque) pour mettre en marche Air Guinée. Cheick lui a dit : «Je n’ai pas d’argent. On se bat maintenant contre les rebelles. Je ne peux pas mettre un franc dans Air Guinée maintenant parce que, ce n’est pas rentable. Si tu injectes de l’argent dans cette affaire, quand l’avion vient, c’est le personnel qui vole. On ne réalise pas de profit. Donc, ce n’est pas la peine».

C’est dans ce contexte qu’il (ndlr, le président Conté) a appelé El hadj Cellou. Il lui a dit :’’moi, j’ai vendu Air Guinée. Puisque vous dites que le franc symbolique ne vaut rien, moi je l’ai vendu à mon ami. Je l’ai vendu à El hadj Sylla à cinq millions’’. Il (ndlr, Cellou Dalein Diallo) était estomaqué. Il a demandé au président :’’ cinq millions de quoi ?’’. Le président a répondu :’’cinq millions de dollars’’. Il (ndlr, Cellou Dalein Diallo) a réagit en ces termes :’’Eh !!!’’. Mais bien avant qu’il ne parle, je lui ai dit que le président est en train de me forcer la main. D’ailleurs, j’ai tout de suite dit que je ne voulais plus de l’avion. Parce que, dans ce cas précis, c’est comme si j’achetais le nom Air Guinée. Il rétorque en disant :’’Ah ! Il y a des choses dedans’’. Même avec cela, ai-je répondu au président, je ne veux rien. L’avion coûte deux millions de dollars et non cinq millions surtout qu’il ne reste plus que l’épave de l’avion.

Prenant la parole, El hadj Cellou a dit :’’ Ah, président ! Ce qu’El hadj Sylla a dit est réel. Sur Internet, on peut savoir le prix de différents prix d’avion. Le prix que tu as fixé est excessif’’. Ce jour-là, il lui a dit :’’ je ne demande pas ton avis. Tu as déjà trouvé que j’ai conclu mon affaire. C’est fini’’, a tranché Conté. Quant à moi, quand je lui ai fait savoir que je ne voulais plus de l’avion, il m’a dit :’’non ! Tu ne peux pas refuser aussi le marché. Tu paieras l’avion à cinq millions’’. J’ai dit :’’ah ! Ça devient maintenant un décret qui tombe sur moi?’’. Il me dit :’’en tout cas, si tu veux, tu le prends. Moi, me concernant, j’ai déjà tranché’’. Voilà comment l’affaire s’est passée. A un moment donné, je croyais même qu’il (ndlr, le président Conté) blaguait. C’est ainsi que l’avion a été liquidé.

Une partie de l’argent, que j’ai payée à l’Etat, a été utilisée pour payer les travailleurs dans un premier temps. Si j’ai bonne mémoire, l’argent que j’ai payé était estimé à neuf cent quatre vingt onze millions (ndlr, francs guinéens). En tout cas j’ai fait un chèque d’un milliard, les travailleurs ont été dédommagés avec cet argent. Voilà la situation. Air Guinée a été liquidée. Dans le cas d’Air Guinée, j’étais le client. Quant à l’Etat, il était le fournisseur. Par contre, dans les autres transactions, j’étais fournisseur. J’ai fourni à l’Etat des fusils, des véhicules… L’Etat était mon client. L’audit-là (ndlr, l’audit de ffa ernst & young) avait révélé tout cela. Quand les gens disent qu’on n’a pas procédé à un appel d’offres quand je livrais du matériel militaire à l’Etat. Mais, en tant de guerre, la loi ne confère pas au président de la République le privilège de réquisitionner tous les biens qu’ils soient privés ou publiques ? Il a ce droit. Il a le droit de tout réquisitionner pour aller au front et combattre l’ennemi. Les textes le lui permettent.