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«Pandora Papers»: les États-Unis en passe de devenir un nouveau paradis fiscal

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L’Amérique est sur le point de devenir un nouveau centre financier offshore. C’est ce que montre la nouvelle enquête collective dite des « Pandora Papers », fruit du travail du Consortium international de journalistes d’investigation, ICIJ, parmi lesquels le Washington Post ou Le Monde.

Ils s’étaient lancés dans une chasse aux sorcières contre les fonds offshore, entre 2007 et 2010, et pourtant, les Etats-Unis sont eux-mêmes devenus l’une des destinations privilégiées pour ceux qui veulent cacher leur argent, rapporte notre correspondante à New York, Carrie Nooten.

C’est ce qu’ont révélé les Pandora Papers publiés hier dimanche 3 octobre : du Delaware, en passant par le Nevada ou le Wyoming, les États-Unis sont en train de devenir l’un des centres financiers offshore les plus importants de la planète. Un quatrième État américain a été identifié par cette nouvelle enquête : le Dakota du Sud.

Tous ont mis en place des lois assez libérales permettant à des fonds d’accepter des milliards de dollars d’actifs. Ils se livrent à un commerce florissant d’immatriculation de « trusts » garantissant l’anonymat et permettant aux riches d’échapper au fisc. Et dans le très permissif Dakota du Sud, les enquêteurs ont retrouvé des avoirs de personnes accusées dans leurs pays de fraude, de corruption ou même de violation des droits humains.

310 milliards d’euros d’actifs

D’après l’enquête du Consortium, fondée sur les archives d’un cabinet de services offshore, Trident Trust, établi à Sioux Falls, des dizaines de millions de dollars sont en train de converger de l’étranger vers cet État américain du Midwest. Au total, les « trusts » du Dakota du Sud cumulent 310 milliards d’euros d’actifs.

Enfin, l’enquête révèle aussi que des personnalités ont utilisé des comptes offshores pour investir dans l’immobilier américain – comme le roi Abdallah de Jordanie, qui a acquis de cette manière d’énormes villas à Malibu en Californie, et à Washington.

Sous la pression internationale, et celle des États-Unis eux-mêmes, certains paradis fiscaux traditionnels comme le Panama ou les îles Caïmans ont été contraints à renoncer à leurs pratiques. Mais d’autres centres offshore ont pris le relais.

Toutes ces révélations devraient embarrasser l’administration Biden, puisque le président américain avait promis de diriger des efforts internationaux pour rendre le système financier mondial plus transparent. Preuve qu’il y a deux poids, deux mesures, l’enquête pose clairement la question de la responsabilité des États-Unis envers la communauté internationale.

Ecoutez l’analyse d’Alex Cobham, directeur général de l’organisation Tax Justice Network, interrogé par Agniezska Kumor, du service Economie.

Toutes ces sociétés ne peuvent opérer qu’avec la permission, tacite ou explicite, des puissances économiques mondiales, parmi lesquelles les Etats-Unis. Le président américain actuel, Joe Biden, sa secrétaire au Trésor, Janet Yelen, ainsi que d’autres membres de son administration ont clairement insisté (sur le fait) qu’ils voulaient en finir avec les paradis fiscaux étrangers et leur système opaque. C’est maintenant qu’ils doivent prouver qu’ils étaient sérieux en déclarant cela. Mais jusqu’ici leur position n’est pas aussi nette.

In Rfi