Je sais qu’il est inopérant d’opposer la morale aux dirigeants guinéens.
l’État guinéen ne s’est pas construit autour de valeurs; ses dirigeants ne croient en rien. Bien au contraire, ils ont toujours cru parvenir à leurs fins en utilisant la force brutale.
Les élites militaire, politique et médiatique banalisent les assassinats de citoyens innocents et désarmés.
Notre conscience collective est marquée par les violences et insidieusement un lent processus de déshumanisation frappe la société guinéenne.
Voir les corps déchiquetés de jeunes gens abattus par nos propres forces de sécurité ne soulève aucune indignation générale. Une puissante vague d’émotion collective aurait pu changer la donne. Hélas !
Les bourreaux sont plutôt ragaillardis par les levées de boucliers contre les victimes accusées de se soulever contre les dérives autocratiques du pouvoir.
C’est un crime de se révolter contre l’ordre injuste en Guinée. Ça dénote que ce système malfaisant est soutenu par une frange importante de l’opinion publique.
Mais, ce sont les minorités agissantes qui font l’histoire.
Ces hordes barbares qui ont pris le contrôle de l’État seront vaincues. Leur défaite est inéluctable, parce que nous nous tenons debout et persévérants dans la lutte. Certes, une lutte inégale en terme de moyens matériels (ils détiennent des armes), mais nous avons pour nous la force morale et la conviction forte de nous battre pour la justice.
L’apartheid n’a pas été vaincu par les armes. Il y a plus fort que les armes.
Alpha Saliou Wann
