Quand on vous dit d’éviter les erreurs du passé, cherchez d’abord à connaître ces erreurs.
La Guinée officielle ne veut surtout pas qu’on parle de ses erreurs, c’est pourquoi le système dictatorial perdure dans le pays.
Les nouvelles générations reprennent inconsciemment les mêmes réflexes que leurs aînés.
Je vous donne un exemple pour mieux me faire comprendre.
Durant la révolution PDG, sous prétexte de participation à des complots, des Guinéens étaient arrêtés et jetés en prison. Ils n’ont jamais été jugés par les tribunaux conformément aux lois du pays. Les exécutions extrajudiciaires étaient la règle.
Selon le bon plaisir du chef, peu d’entre eux étaient libérés. Les survivants étaient obligés de se soumettre à un rituel immuable : aller au palais avec les membres de leurs familles remercier leur bourreau pour sa magnanimité.
On félicite le chef pour avoir violé les lois du pays. Il piétine vos droits et c’est vous qui devez vous humilier devant lui.
Qu’est-ce qui a changé ? Rien.
Mamadi Doumbouya répète les mêmes erreurs du passé. Des dizaines de jeunes gens sont abattus sauvagement au vu et au su de tout le monde. On n’a aucune idée du nombre de militaires arrêtés. Et voilà que sous la pression de blogueurs, il libère deux militaires emblématiques du putsch sanglant du 5 septembre 2021. Ces derniers viennent le remercier au palais avec femmes et enfants.
Comme naguère, Mamadi Doumbouya est félicité pour avoir bafoué les droits des gens. Il peut embastiller et tuer qui il veut en toute impunité. On lui tresse des lauriers à la place de la réprobation générale de la population.
La faute fatale, c’est de croire que ça n’arrive qu’aux autres.
Voilà notre triste destin.
Alpha Saliou Wann
