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La COVID-19 peut-être transmise par l’air, avertissent des experts mondiaux

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Portrait du directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus

Depuis plusieurs semaines, l’OMS est l’objet de nombreuses critiques, car on lui reproche de ne pas être assez en phase avec les derniers développements scientifiques.

 

Un groupe de 239 scientifiques internationaux a appelé lundi les autorités de santé de la planète et en particulier l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à reconnaître que le nouveau coronavirus peut se propager dans l’air bien au-delà de deux mètres et à recommander par conséquent une ventilation vigoureuse des espaces publics intérieurs.

Leur lettre vise directement l’organisation onusienne, déjà critiquée pour avoir tardé à recommander les masques, et ici accusée de refuser de voir l’accumulation d’indices d’une propagation par l’air du virus qui a tué plus de 500 000 personnes dans le monde en six mois.

L’OMS et d’autres organismes sanitaires estiment que le coronavirus est principalement transmis par des gouttelettes projetées par la toux, l’éternuement et la parole directement sur le visage de personnes à proximité, et possiblement par des surfaces où ces postillons atterrissent et sont ensuite récupérés par les mains de personnes saines. Ces gouttelettes sont lourdes et tombent dans un périmètre d’environ un mètre.

D’où la priorité donnée dans les consignes sanitaires à la distanciation physique, au lavage des mains et au port du masque.

Des études, sur le SARS-CoV-2 et sur d’autres virus respiratoires, ont toutefois mis en évidence que des particules virales étaient aussi présentes dans des gouttelettes microscopiques (moins de 5 microns de diamètre) dans l’air expiré par une personne infectée. Plus légères, elles peuvent rester en suspension à l’intérieur, potentiellement des heures, et être inspirées par d’autres gens. Il n’a jamais été prouvé que ces particules de coronavirus étaient viables et pouvaient provoquer des infections, mais les indices s’accumulent.

Nous appelons la communauté médicale et les organismes nationaux et internationaux compétents à reconnaître le potentiel de transmission aérienne de la COVID-19, écrivent dans la revue Clinical Infectious Diseases d’Oxford deux scientifiques, Lidia Morawska de l’Université du Queensland, en Australie, et Donald Milton de l’Université du Maryland aux États-Unis, dans un article signé par 237 autres experts.

Il existe un potentiel important de risque d’inhalation de virus contenus dans des gouttelettes respiratoires microscopiques (microgouttelettes) à des distances courtes et moyennes (jusqu’à plusieurs mètres, de l’ordre de l’échelle d’une pièce), et nous prônons le recours à des mesures préventives pour empêcher cette voie de transmission aérienne.

Extrait de la lettre signée par les 239 scientifiques

Il n’y a pas de consensus scientifique que cette voie aérienne joue un rôle dans les contagions, mais Julian Tang, l’un des signataires, de l’Université de Leicester en Angleterre, répond que l’OMS n’a pas prouvé l’inverse : L’absence de preuve n’est pas une preuve d’absence.

Qu’est-ce qui pourrait changer si l’OMS adaptait ses recommandations en fonction d’une possible propagation par microgoutelettes?

Par exemple, les travailleurs de la santé, qui se retrouvent dans des milieux fermés et à risque, pourraient devoir porter des masques N95, qui filtrent les microgoutelettes, explique le journaliste Étienne Leblanc à l’émission L’heure de monde. L’usage de ces masques est limité pour le moment, le personnel porte surtout de simples masques chirurgicaux. Aussi, les autorités pourraient devoir revoir le fonctionnement des systèmes de ventilations dans les endroits publics comme les résidences pour personnes âgées, les écoles, les bibliothèques, etc. Il faudrait notamment ajouter de nouveaux filtres et éviter la recirculation de l’air.

Afp